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UBS espère boucler l'acquisition de sa rivale Credit Suisse d'ici fin juin, a indiqué le géant bancaire mardi, se disant conscient de la complexité de la tâche mais convaincu que ce mariage forcé "est une opportunité unique de créer de la valeur".
Le numéro un de la banque en Suisse a également indiqué dans un communiqué avoir engrangé un bénéfice net de 1 milliard de dollars au premier trimestre, bien en deçà des attentes, mais évoque "de fortes entrées de capitaux" sur cette même période témoignant de la confiance des clients malgré les turbulences actuelles.
UBS souligne "un afflux net d’argent frais pour Global Wealth Management (la gestion de fortune ndlr) de 28 milliards d’USD, dont 7 milliards d’USD ont afflué au cours des dix derniers jours du mois de mars, après l’annonce de l’acquisition de Credit Suisse".
Pour le premier trimestre, les analystes interrogés par l'agence suisse AWP tablaient sur une baisse du bénéfice net aux environs de 1,7 milliard de dollars (1,5 milliard d'euros), contre 2,1 milliards de dollars un an plus tôt.
Le résultat net a été amputé par des provisions pour litiges -augmentées de 665 millions de dollars - pour régler un vieux contentieux lié à la crise des subprimes aux Etats-Unis. La banque est en discussions avancées avec le ministère de la justice américain sur le sujet et fait état "de progrès vers un règlement" de ce dossier.
A 8H29 GMT, l'action perdait 3,46% à 17,565 francs suisses, freinant le SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, en hausse de 0,22%. Credit Suisse reculait de 2,77% à 0,773 francs.
- Leader -
Dans un communiqué, le nouveau directeur général Sergio Ermotti, rappelé dans des fonctions qu'il avait déjà occupées pour piloter la délicate fusion avec Credit Suisse, s'est dit "convaincu que cette transaction contribuera à renforcer la position de leader de la place financière suisse et profitera à l'ensemble de l'économie".
Bombardé de questions lors d'une conférence avec les analystes financiers, il s'est dit "confiant" sur la capacité d'UBS à "regagner et retenir les client", alors que Credit Suisse a de nouveau essuyé d'importants retraits de fonds au premier trimestre.
Le 19 mars, UBS a accepté sous la pression des autorités suisses, d'acheter sa compatriote pour 3 milliards de francs suisses et avec de solides garanties financières du gouvernement fédéral et de la banque centrale. Sans ce sauvetage, la deuxième banque helvétique se serait vraisemblablement trouvée en cessation de paiement le 20 ou le 21 mars, a expliqué récemment le président de la Confédération Alain Berset.
Ce rapprochement suscite toutefois de vives inquiétudes en Suisse pour l'emploi et la concurrence compte tenu du poids des deux banques sur le marché domestique. Ensemble, les deux banques comptaient environ 120.000 collaborateurs dans le monde fin 2022, dont 37.000 en Suisse.
Le patron d'UBS a appelé les investisseurs à la patience, expliquant qu'actuellement "le débat est totalement basé sur des émotions". Mais il a promis de clarifier la situation "dans les prochains mois", estimant qu'UBS doit comprendre la situation en se basant sur des faits pour trouver une solution "durable et viable".
- Intégration complexe -
Les résultats trimestriels de Credit Suisse, publiés lundi, ont montré la difficulté de la tâche qui attend UBS. "Nous sommes conscients de la grande complexité qu’implique l'intégration et la restructuration de Credit Suisse", réitère UBS mardi.
Les retraits de capitaux de la part des clients de Credit Suisse se sont chiffrés à 61,2 milliards de francs suisses au premier trimestre, s'ajoutant aux 110,5 milliards déjà extraits au quatrième trimestre. Et, malgré un ralentissement, la situation ne s'est pas encore inversée.
Pour mener à bien l'intégration, UBS a rappelé Sergio Ermotti, qui avait mené une grande restructuration lorsqu'il avait déjà assumé la direction une première fois de 2011 à 2020.
En intégrant Credit Suisse, la banque va se renforcer dans la gestion de fortune, avec "environ 5.000 milliards d’USD d’actifs investis", rappelle UBS. Mais avec ce rachat, le profil d'UBS a changé, relève Andreas Venditti, analyste chez Vontobel. UBS passe d'une "entreprise génératrice de capitaux", avec des rendements de capitaux élevés, "à une histoire de restructuration complexe", souligne-t-il.