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La Bourse de New York a terminé en baisse mercredi, contrariée par une nouvelle déclaration d'un membre de la banque centrale américaine (Fed) en faveur d'un maintien des taux élevés à moyen terme, ainsi que par des prévisions de sociétés jugées prudentes.
Le Dow Jones a cédé 0,61%, l'indice Nasdaq a perdu 1,68% et l'indice élargi S&P 500 a lâché 1,11%.
Alors que la place new-yorkaise digérait encore les propos du président de la Fed, Jerome Powell, tenus mardi, un autre membre de l'institution a enfoncé le clou mercredi.
Le président de l'antenne de New York John Williams a évoqué un taux directeur entre 5,25% et 5,50% en fin d'année, ce qui signifierait, au minimum, un triple relèvement d'un quart de point à chaque fois d'ici l'été, et aucune baisse jusqu'en décembre.
Or, il y a encore une semaine, les investisseurs pariaient sur une seule hausse, suivie de deux baisses.
Jerome Powell avait déjà écarté mardi toute baisse de taux avant 2024.
"Ils vont garder les taux trop hauts", a commenté Jack Ablin, de Cresset Capital, "et cela va mettre sous pression les résultats des sociétés, qui réagissent beaucoup plus rapidement à un resserrement monétaire que ne le fait l'inflation."
Le marché obligataire traduisait bien l'impression générale. Le rendement des emprunts d'Etat américains à un an, qui reflète les anticipations de politique monétaire à moyen terme, est monté à 4,87%, une première depuis près de 22 ans.
Dans le même temps, le taux à 10 ans est redescendu à 3,61%, contre 3,67% mardi en clôture, signe que Wall Street s'attend à un ralentissement à moyen terme de l'économie américaine plus net qu'auparavant.
Wall Street a aussi été échaudée par les projections prudentes de plusieurs entreprises, notamment le spécialiste des infrastructures de télécommunications Lumen.
La plupart des géants du secteur technologique ont déçu cette saison et les plans sociaux s'enchaînent pour faire face à la dégradation de la conjoncture.
La perspective de taux élevés pour une période prolongée est défavorable aux valeurs technologiques et de croissance qui dépendent, plus que les autres, des conditions de crédit pour financer leur développement rapide.
Amazon (-2,02%), Meta (-4,27%) ou les fabricants de semi-conducteurs AMD (-1,42%), Qualcomm (-3,26%) et Texas Instruments (-3,81%) en ont ainsi tous fait les frais mercredi.
Même Microsoft (-0,31%) a essuyé une averse malgré ses annonces de la veille, avec l'intégration du robot conversationnel ChatGPT à son moteur de recherche Bing.
Quant à Alphabet (-7,66%), il a été doublement pénalisé par la sombre humeur générale et par les craintes de voir Microsoft menacer la suprématie de Google dans le secteur des moteurs de recherche.
Dans ce contexte d'incertitude, la prudence était de mise. Elle a profité aux valeurs dites défensives, c'est-à-dire théoriquement moins sensibles à la conjoncture, comme Johnson & Johnson (+0,13%) et le laboratoire Merck (+0,91%).
Wall Street a salué les résultats d'Uber (+5,53%), supérieurs à ses attentes.
Le club anglais de football Manchester United (+10,51%), coté à New York, a pris de la hauteur après que plusieurs médias britanniques ont rapporté que l'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani pourrait bientôt faire une offre de rachat.
L'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard (-3,58%) a souffert des conclusions du régulateur britannique de la concurrence (CMA), qui a émis mercredi des réserves sur son rachat par Microsoft annoncé il y a plus d'un an.
Le New York Times a été recherché (+12,04%) après des résultats supérieurs aux attentes, tirés par le succès des offres groupées, qui intègrent plusieurs abonnements à des produits différents.