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Déjà rétrogradé pour être resté en vacances quand les talibans prenaient Kaboul, le vice-Premier ministre britannique Dominic Raab se retrouve cette fois évincé du gouvernement pour avoir terrorisé ses équipes jusqu'au harcèlement.
Dominic Raab, également ministre de la Justice, est dépeint par ses détracteurs comme un colérique manquant cruellement de respect aux fonctionnaires sous sa responsabilité et il a admis vendredi qu'un rapport indépendant avait conclu au harcèlement.
Ce n'est pas le première fois que les scandales ternissent la réputation du ministre de 49 ans, qui était revenu au plus haut à l'arrivée à Downing Street en octobre de Rishi Sunak, dont il avait activement soutenu la campagne.
Déjà en 2021, sa gestion catastrophique de la prise de Kaboul par les talibans lui coûte son poste de chef de la diplomatie. Alors qu'il fallait organiser le rapatriement de Britanniques et d'Afghans, M. Raab préfère rester en vacances en Grèce, suscitant l'indignation au Royaume-Uni.
Il reste au gouvernement mais est rétrogradé à la Justice, un revers pour celui qui avait assuré en 2020 l'intérim du Premier ministre Boris Johnson (2019-2022), alors en soins intensifs après avoir contracté le Covid-19.
A l'époque, Dominic Raab est apprécié pour son approche plus méticuleuse que Boris Johnson face à la crise sanitaire.
Un tempérament minutieux qui se voit jusque dans ses habitudes alimentaires: selon son ancienne secrétaire, M. Raab commandait tous les midis le même déjeuner composé d'un sandwich au poulet et au bacon, d'un smoothie et d'une salade de fruits.
Mais le ministre aurait aussi tendance à perdre son calme: le tabloïd The Sun indiquait l'année dernière que M. Raab aurait lancé des tomates dans un accès de colère lors d'une réunion, ce que son porte-parole avait alors qualifié d'insensé.
Selon des témoignages publiés dans le Guardian l'année dernière, M. Raab aurait instauré une "culture de la peur" au sein de son ministère et était décrit comme un "tyran".
- Karaté -
Eurosceptique convaincu, troisième dan de karaté et grand amateur de boxe, il fait partie de la nouvelle génération de conservateurs qui a fait son entrée au Parlement au cours des 15 dernières années.
Fils d'un réfugié juif tchèque débarqué en 1938 au Royaume-Uni et décédé d'un cancer alors qu'il n'avait que 12 ans, Dominic Raab a été élevé par sa mère dans la religion anglicane.
Originaire du comté de Buckinghamshire, au nord-ouest de Londres, il étudie le droit au sein des prestigieuses universités d'Oxford et de Cambridge.
Il commence une carrière d'avocat spécialisé en droit international dans un cabinet londonien puis intègre en 2000 le ministère des Affaires étrangères.
En 2003, il part à La Haye (Pays-Bas) pour diriger une équipe chargée d'oeuvrer contre les criminels de guerre, travaille sur les dossiers de Slobodan Milosevic, Radovan Karadzic et Charles Taylor.
Dominic Raab entre au Parlement en 2010 et se voit confier son premier rôle au sein du gouvernement cinq ans plus tard.
Il devient une des figures clés de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, assurant sous Theresa May le poste de ministre en charge du Brexit.
Il démissionnera en novembre 2018, après à peine trois mois, pour marquer son opposition à l'accord négocié avec Bruxelles qu'il juge trop souple.
Après la démission de Theresa May en juillet 2019, il candidate pour devenir Premier ministre, mais sa gestion du Brexit ou ses sorties sexistes - il qualifie les féministes de "fanatiques insupportables" - lui coûtent cher face à un Boris Johnson très populaire.
Elu dans une circonscription au sud-ouest de Londres traditionnellement acquise aux conservateurs, M. Raab désormais privé de poste au gouvernement n'est pas non plus assuré de conserver son siège de député lors des prochaines élections générales, lors desquelles il pourrait faire les frais d'un parti conservateur très impopulaire.
Il est marié et a deux fils.