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Kyriakos Mitsotakis, qui a largement remporté les élections législatives en Grèce dimanche, est un conservateur qui a mis en avant la relance de l'économie après la débâcle financière, mais il est aussi accusé de préoccupantes atteintes à l'Etat de droit.
Le dirigeant de Nouvelle-Démocratie (ND), Premier ministre de 2019 à la fin mai, retrouve son fauteuil de chef de gouvernement. Son parti s'est assuré une majorité absolue de 157 sur 300 sièges de députés, selon des résultats partiels.
Durant la campagne, cet homme de 55 ans, proche de Manfred Weber, le patron allemand du Parti populaire européen (PPE), a promis des augmentations de salaires alors que coût de la vie et les faibles revenus restent les principales préoccupations des Grecs.
Kyriakos Mitsotakis s'est aussi engagé à procéder à des embauches massives dans le secteur de la santé publique, qui souffre de manques criants de moyens depuis la crise.
- Relance économique -
Son premier mandat a été marqué par la relance d'un économie encore convalescente lorsqu'il accède au pouvoir, en 2019, après les années de plans d'austérité drastiques au cours desquelles le pays a perdu un quart de son produit intérieur brut (PIB).
L'an dernier la croissance a ainsi atteint 5,9%.
Mais en mars, il fait face à une vague de colère inédite depuis son accession au pouvoir après une catastrophe ferroviaire qui fait 57 morts et a été imputée à de graves négligences dans les systèmes de signalisation ferroviaires.
Issu d'une grande famille politique et à la tête d'un important patrimoine immobilier, son arrogance est pointée par ses opposants, en premier lieu le leader de Syriza (gauche), Alexis Tsipras.
Ces quatre dernières années, M. Mitsotakis a donné un tour de vis sécuritaire, avec notamment un renforcement du dispositif policier.
Son mandat a aussi été émaillé de scandales, notamment l'un - retentissant - sur des écoutes illégales de personnalités politiques et de journalistes par le logiciel espion Predator.
Omniprésent sur les réseaux sociaux, il a mené une politique de communication agressive, dans un paysage médiatique marqué par la concentration des grands titres et chaînes de télévision aux mains de grands groupes financiers.
- Refoulements de migrants -
Il fait aussi face à des accusations récurrentes sur des refoulements de migrants vers la Turquie voisine avant qu'ils aient pu présenter leur demande d'asile au sein de l'Union européenne.
Kyriakos Mitsotakis a toujours nié ces pratiques, pourtant attestées par des vidéos et des enquêtes détaillées des plus grands médias internationaux.
"S'il s'en tire à bon compte, c'est à cause d'une nouvelle forme de populisme (...) sans rhétorique abusive, sans excentricité, sans tapage" comme Viktor Orban (Hongrie) ou Donald Trump (Etats-Unis), jugeait récemment le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.
Après le naufrage meurtrier, le 14 juin, d'une embarcation transportant des centaines de migrants au large du Péloponnèse, M. Mitsotakis a pris la défense des gardes-côtes grecs, mis en cause par des ONG et des rescapés pour leur lenteur à intervenir.
Il a également défendu une politique migratoire "juste mais stricte" et promis, au printemps, d'étendre le "mur anti-migrants" érigé à la frontière terrestre gréco-turque.
Ses quatre années au pouvoir ont été marquées par le recul de l'Etat de droit et de la liberté de la presse, au point que la Grèce est depuis l'an dernier lanterne rouge de l'UE dans le classement annuel de l'ONG Reporters sans frontières, derrière la Hongrie et la Pologne.
Issu d'une dynastie politique crétoise, Kyriakos Mitsotakis est le fils de l'ancien Premier ministre Konstantinos Mitsotakis (1990-1993).
Sa soeur fut notamment ministre des Affaires étrangères. L'un de ses neveux est l'actuel maire d'Athènes, un autre fut son proche conseiller jusqu'en 2022.
Diplômé de l'université américaine de Harvard, Kyriakos Mitsotakis a mené une carrière de conseiller financier à Londres, chez McKinsey notamment, avant de reprendre le flambeau politique familial.
Député ND pour la première fois en 2004, il fut notamment ministre de la Réforme de l'administration au pic de la crise. Il procède alors à des réductions massives d'effectifs dans la fonction publique.
En 2016, un an après la défaite de son camp face à la gauche d'Alexis Tsipras, il est élu dirigeant de la Nouvelle-Démocratie, avant d'accéder au pouvoir trois ans plus tard.