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Aux Fêtes de Bayonne, vigilance contre les agressions sexuelles

Alors que les Fêtes de Bayonne ont débuté mercredi pour cinq jours, associations et municipalité œuvrent, après plusieurs affaires de viols et d'agressions, à une meilleure prévention des violences sexuelles durant cet événement qui attire plus d'un million de visiteurs.

"C'est un sinistre nuage qui plane au-dessus des Fêtes mais on en parle beaucoup plus aujourd'hui. On commence à comprendre qu'il ne faut plus banaliser les agressions", estime Arantxa Gascué, membre du collectif féministe PAF.

En 2022, deux hommes de 25 et 19 ans ont été mis en examen pour le viol d'une femme de 27 ans lors des Fêtes.

En 2019, trois agressions sexuelles avaient fait l'objet d'une procédure judiciaire, dont une a abouti à la condamnation d'un homme à deux ans d'emprisonnement avec sursis. En 2017, un homme avait été condamné à huit ans d'emprisonnement pour un viol commis lors de l'édition 2014.

Depuis deux ans, le PAF propose un "protocole" aux bars et locaux associatifs, incluant une formation pour leurs personnel et bénévoles. Comment réagir, que faire en cas d'alerte, comment appréhender la gravité des situations? "On veut briser les stéréotypes et les clichés et, surtout, faire prendre au sérieux les faits qui peuvent survenir", explique Arantxa Gascué.

Sur l'esplanade Roland-Barthes, proche du site universitaire de la ville et au cœur d'un des quartiers festifs, une quarantaine de bénévoles se relaient sous un grand barnum blanc.

Depuis 2017, une permanence y est assurée de 16H00 à 21H00 pour accueillir d'éventuelles victimes de violences et les prendre en charge.

Des maraudes de sensibilisation sont aussi menées dans la foule. "Le travail à mener dans la société est incommensurable quand on entend des filles de 20 ans nous dire qu'elles se sentent en insécurité", souffle Andrée Diarte, bénévole et travailleuse sociale.

- "Primordial d'être là" -

En 2022, 3.500 personnes ont ainsi été "touchées" en cinq jours par ces actions. "La parole s'est libérée et les victimes ont besoin d'un lieu-ressource qui les accueille sans jugement", commente Déborah Loupien-Suares, élue municipale chargée de la lutte contre les discriminations.

Pour la première fois cette année, l'accueil se fera jusqu'à 04H30 du matin, grâce à l'implication d'une nouvelle association, Itaia.

Laura, 44 ans, a assuré la première veille. "Être là le soir, c'est primordial, je me suis portée volontaire tout de suite, dit-elle.

Un numéro de téléphone a été mis à disposition pour tout signalement. Dans la nuit, les militantes ont accueilli trois personnes pour des agressions verbales et physiques."

"On veut dé-normaliser les violences structurelles, inverser la charge de la honte et responsabiliser tout le monde", souligne Oriane Ayestaran, autre militante du collectif.

En parallèle, un label "Safe Toki" ou "lieu sécurisé" identifie les bars et locaux associatifs qui s'engagent à accueillir toute personne en difficulté et à lui fournir les numéros et contacts utiles, ou à la rediriger vers les postes médicaux avancés.

Une campagne d'affichage dans les rues de la ville complète le dispositif.

Laurence Hardouin, élue chargée de la prévention, estime que "le regard de la société a changé; il ne tolère plus ces agressions". Il est difficile toutefois d'avoir des chiffres pour déterminer l'impact des initiatives. "Il y a des dossiers classés, des victimes qui portent plainte des semaines après. C'est très compliqué d'avoir un bilan précis à l'issue des Fêtes", relève-t-elle.

Jeudi matin, après une première nuit de fête, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a fait état d'une suspicion d'agression sexuelle, "pas encore clairement établie". Lors des Fêtes de Mont-de-Marsan, achevées une semaine avant celles de Bayonne, deux suspicions de viol et d'agression sexuelle avaient été signalées par le parquet.

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