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En sortant de la rue Nicolas Appert, le 7 janvier 2015, les frères Kouachi ont lancé « On a tué Charlie Hebdo ». Et pourtant, le journal a survécu.
Bien sûr, il ne connaît plus les tirages exceptionnels du numéro qui a suivi l’attentat. Beaucoup de gens l’avaient alors acheté par solidarité. La plupart ne l’avaient jamais lu et ont découvert une publication qui n’est pas seulement satirique, mais qui se revendiquait comme un « coup de poing dans la gueule », selon son fondateur François Cavanna.
Des revendications claires
Charlie a survécu. Son personnel vit désormais sous protection policière. Mais son ton n’a pas changé, et il a continué à revendiquer le maximum de liberté d’expression, le droit à la caricature et même au blasphème. Selon un sondage IFOP, publié début 2025, 76 % des sondés estimaient que la liberté d’expression est un droit fondamental et la liberté de caricature en fait partie.
Mais les temps ont changé. Ce qui était à la fin des années 60 une rigolade, où l’on bouffait du bourgeois, du soldat, du curé, est devenu une activité dangereuse où l’on risque sa peau.
Et si la condamnation des terroristes reste unanime, 31 % des 18-24 ans considèrent que les hebdomadaires n’auraient pas dû publier les caricatures de Mahomet en 2006. 46 % d’entre eux se disent d’ailleurs choqués par la une de Cabu faisant dire aux prophètes « c’est dur d’être aimé par des cons ».
« L’esprit Charlie »
Ce sondage démontre que le combat pour la liberté n’est jamais terminé et que de génération en génération, il faut transmettre les valeurs de ce qu’on a appelé il y a dix ans « l’esprit Charlie ».
« Je suis Charlie », le slogan repris lors de la grande manifestation du 11 janvier 2015, est toujours d’actualité. Ça ne veut pas dire que l’on aime ce qu’il y a dans Charlie, mais que Charlie a le droit de l’écrire et de le caricaturer. On prête souvent à Voltaire une formule apocryphe : « Je ne suis pas d’accord avec vos idées, mais je suis prêt à me battre pour que vous puissiez les exprimer ».
Être Charlie, c’est tout l’honneur d’une société libre et démocratique et les morts de ces trois jours terribles, les dessinateurs et les journalistes de Charlie, l’employé de la Sodexo, Frédéric Boisseau, les policiers Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet et Clarissa Jean-Philippe, les clients assassinés de l’hypercacher, plus tard les victimes du Bataclan et de Bruxelles en novembre 2015 et mars 2016, en sont les martyrs et les héros.















