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Quels mots pour qualifier ce crime et ses conséquences ? Effroi, sidération, incompréhension. On n’est pas ici dans une banlieue difficile de Paris ou dans les quartiers nord de Marseille. Non, c’est une petite commune semi-rurale du sud de la Champagne, avec 3 500 habitants et un collège modeste de 324 élèves, qui porte le nom de Françoise Dolto, la célèbre psychanalyste des enfants et mère du chanteur Carlos.
Rien ne colle dans cette histoire… Comme l’a dit hier François Bayrou à l’Assemblée nationale, ce drame montre « une décomposition de la société dans laquelle nous vivons ». Hier matin, un peu avant 8 heures, une surveillante a été poignardée à plusieurs reprises par un élève de 14 ans lors d’un contrôle des sacs à l’entrée du collège. La victime, Mélanie, 31 ans, mère d’un petit garçon de quatre ans, n’a pas survécu à ses blessures.
L’opération, organisée par la gendarmerie, avait été programmée en vertu d’une directive ministérielle qui prévoit des contrôles aléatoires à l’entrée des écoles. Ces vérifications inopinées ont été mises en place après la mort, en mars, d’un jeune de 17 ans devant un lycée en Essonne. Depuis, c’est une lycéenne de 15 ans qui a succombé à 57 coups de couteau fin avril à Nantes. Et pourtant, selon le ministre de l’Intérieur, 6 000 contrôles – réalisés entre le 26 mars et le 26 mai – ont entraîné la saisie de 186 couteaux et 32 gardes à vue. Ça n’a pas suffi.
C’est pourquoi le Premier ministre a fait hier d’autres propositions, notamment, je le cite, « l’interdiction ‘tout de suite’ de la vente des couteaux aux mineurs et l’expérimentation de portiques de détection d’armes à l’entrée des établissements ».
Quant au président Macron, il a fait savoir qu’« un jeune de quinze ans ne pourra plus acheter un couteau sur internet. (…) On va durcir les règles. Ça veut dire qu’on va mettre des sanctions massives, financières, des interdictions ». Ces déclarations laissent pourtant sceptique Gabriel Attal, le patron du parti macroniste, qui a déclaré que les portiques ne permettraient « absolument pas » d’empêcher l’introduction d’une arme blanche dans un établissement. Il est vrai qu’il existe des couteaux en céramique qui ne sont pas détectables.
Une députée, chargée depuis mars d’une mission sur le sujet, propose, elle, d’installer des caméras de surveillance dans tous les établissements scolaires. Les syndicats d’enseignants alertent, de leur côté, sur la santé mentale des adolescents. Il n’y a pas de solution simple, le monde politique est en plein désarroi.
Hier matin, un petit garçon de quatre ans a perdu sa maman, et personne ne pourra jamais lui dire pourquoi…


















