Accueil Actu Monde International

Après la démission du maire de Saint-Brevin, la sécurité des élus en question

Améliorer la protection des élus : le gouvernement a annoncé vendredi le lancement d'un centre "d'analyse et de lutte contre les violences faites aux élus" après la démission du maire de Saint-Brevin, qui avait pourtant bénéficié d'une "protection spécifique".

La démission de Yannick Morez, maire divers droite de la commune de Loire-Atlantique, sous pression de l'extrême droite, crée un électrochoc.

Outre des "raisons personnelles", il déplorait un "manque de soutien de l'État" face à des tensions allant crescendo ces derniers mois lors de manifestations organisées notamment à l'appel d'un collectif proche du parti d'Eric Zemmour Reconquête !. Motif : le projet de transfert sur un autre site de la commune, près d’une école, du centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) ouvert depuis 2016. Si cette démission "peut faire bouger les choses, tant mieux", déclare vendredi soir le maire dans une interview au quotidien Ouest-France.

"Face au projet de transfert du Cada, voulu par l'Etat, je me suis senti démuni, isolé et laissé sans aide", ajoute M. Morez.

"Les violences contre le maire de Saint-Brevin sont inadmissibles quels qu’en soient les motifs. En démocratie, les conflits se règlent par l’échange des arguments et des opinions", écrit vendredi sur Twitter Eric Zemmour, jusque-là silencieux.

Au lendemain de la promesse de la Première ministre Elisabeth Borne de "mieux protéger les maires", la ministre chargée des Collectivités territoriales Dominique Faure a annoncé sur BFMTV le lancement mercredi d'un centre de lutte visant à "cartographier les violences faites aux élus, d'en comprendre l'origine pour pouvoir évidemment agir dans le domaine de la prévention".

Les faits de violence physique ou verbale contre les élus ont augmenté de 32% en 2022, selon le ministère de l'Intérieur.

Dans la nuit du 22 mars, le domicile familial du maire de Saint-Brevin avait été la cible d'un incendie criminel. Deux véhicules avaient été détruits et une partie de la maison endommagée, sans faire de blessé.

Selon le préfet de Loire-Atlantique Fabrice Rigoulet-Roze, des "mesures" avaient été prises concernant le maire de Saint-Brevin, avec une "protection spécifique".

- "Maximum" de protection -

Le commandant de la compagnie de gendarmerie de Pornic Etienne Naud a confirmé à l'AFP que M. Morez a été inscrit dans un fichier de la gendarmerie "qui permet de créer une alerte en cas de moindre perturbation au domicile pour qu'on puisse engager immédiatement le maximum de moyens, en plus des nombreuses patrouilles aux abords de sa maison et de la présence de gendarmes aux événements auxquels il participait".

"On est au maximum de ce que la gendarmerie nationale peut faire (…) A ma connaissance (…) il n’existe pas de maire, confronté à une mobilisation anti-centre de migrants, qui soit protégé physiquement en permanence par les forces de l’ordre", estime l'officier.

Selon trois Brévinois interrogés par l'AFP dans un bar-PMU, "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase" pour M. Morez a été une récente agression verbale à une terrasse quand il était en famille.

Depuis la diffusion mercredi soir de son communiqué sur sa page Facebook, Yannick Morez n'a répondu à aucune sollicitation des journalistes, venus en nombre jeudi et vendredi dans la paisible station balnéaire.

Selon son cabinet, le maire ne s'exprimera pas avant "la semaine prochaine".

Mercredi matin, M. Morez sera auditionné au Sénat devant la commission des lois. En revanche, le jour de sa rencontre avec Elisabeth Borne n'est pas encore connu.

"Par solidarité" avec M. Morez, la maire SE de Cénac (Gironde) Catherine Veyssy a renvoyé son écharpe tricolore à l'Elysée.

"Ce qui m’a touchée, c’est la violence qu’il a subie, et ce sentiment d’extrême solitude qu’il a pu ressentir. Ce n’est pas possible de subir de tels affronts et une telle violence quand on est maire", a déclaré à l'AFP l'édile de cette commune de près de 2.300 habitants, en périphérie de Bordeaux.

"Cela veut dire que quelque part la démocratie ne va pas bien (...) Nous incarnons, à notre modeste niveau, la République", a-t-elle ajouté.

Le Parti socialiste a appelé à une marche symbolique le 24 mai à Saint-Brevin en soutien à l'édile.

faa-kal-hdu-mcl/cbn

À lire aussi

Sélectionné pour vous