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Radicalisé en un mois, l'auteur présumé de l'attaque contre deux églises d'Algésiras, dans le sud de l'Espagne, a agi de façon "consciente" et dans le cadre d'une idéologie "jihadiste", selon la justice espagnole, qui l'a placé lundi en détention provisoire.
Le juge chargé d'enquêter sur cette attaque à la machette a accusé lundi Yassine Kanjaa de "terrorisme" et l'a placé "en détention", a annoncé dans un communiqué l'Audience nationale, tribunal madrilène chargé des affaires de terrorisme.
Au vu des premiers éléments de l'enquête, l'action de ce Marocain de 25 ans "peut être qualifiée d'attaque jihadiste", dirigée en particulier contre des représentants de "l'église catholique", a ajouté l'Audience nationale.
Yassine Kanjaa est accusé d'avoir attaqué mercredi peu après 19H00 (18H00 GMT) le prêtre de l'église de San Isidro d'Algésiras, cité portuaire de 120.000 habitants située dans le sud de l'Andalousie, à l'aide d'une machette. Ce dernier, âgé de 74 ans, a été grièvement blessé au cou, puis hospitalisé.
Selon les autorités, il s'est ensuite rendu à l'église Nuestra Señora de La Palma, distante de quelques centaines de mètres, où il s'en est pris à un sacristain, à qui il a infligé "plusieurs blessures mortelles". Le sacristain, âgé d'une soixantaine d'années, est mort sur la place située devant l'église.
D'après l'Audience nationale, trois autres personnes ont été blessées par Yassine Kanjaa. Parmi elles, figure un homme de nationalité marocaine qu'il aurait attaqué "avec la volonté de le tuer", en lui reprochant de s'être éloigné de l'islam.
Interpellé aussitôt après les faits, Yassine Kanjaa faisait l'objet d'une procédure d'expulsion pour situation irrégulière depuis le mois de juin, selon les autorités. Ce jeune homme, qui vivait non loin de ces deux églises, était par ailleurs inconnu des services de renseignement, selon le ministère de l'Intérieur.
- "Auto-radicalisation" -
Dans un document judiciaire consulté par l'AFP, le magistrat chargé de l'affaire avait fait vendredi le lien entre cette attaque et le "salafisme jihadiste" et relaté qu'après son arrestation, le suspect avait "crié à plusieurs reprises +Allah Akbar+" ("Dieu est le plus grand").
Mais le gouvernement n'avait pas écarté pour sa part l'hypothèse de troubles mentaux. Un voisin du suspect avait indiqué à l'AFP que le jeune Marocain "n'était pas bien dans sa tête" et qu'il avait "totalement changé depuis un peu plus d'un mois", se laissant "pousser la barbe" et ne s'habillant "plus qu'en djellaba".
La police a également insisté lundi dans un communiqué sur le côté "instable" de Yassine Kanjaa, jeune homme qui "ne possédait pas d'antécédents pénaux" et "dont l'auto-radicalisation se serait produite" très rapidement.
Pour le juge Joaquin Gadea, chargé de l'affaire au sein de l'Audience nationale, Yassine Kanjaa avait en effet "une vie que certains qualifient de +normale+" voilà quelques semaines encore, et a connu "un processus de radicalisation religieuse" extrêmement rapide.
Mais au vu des déclarations de son entourage, des éléments retrouvés sur son téléphone et de ses propos en garde à vue, il aurait bel et bien agi de façon "consciente", en visant de façon "délibérée" les religieux puis le Marocain qu'il considérait comme "infidèle", estime le juge, cité par l'Audience nationale.
Une démarche qui inscrit pleinement son action dans le "phénomène jihadiste" destinée à provoquer "la terreur au sein de la société", quand bien même Yassine Kanjaa a agi "seul" et sans lien avec une "organisation terroriste déterminée", conclut le juge.