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Bal de Crépol dans la Drôme: ce que l'on sait de la mort du jeune Thomas

L'enquête sur la mort du jeune Thomas, mortellement blessé d'un coup de couteau à la sortie d'une fête dans la Drôme dans la nuit du 18 au 19 novembre, vise à élucider les circonstances exactes du drame. Le point sur ce que l'on sait.

- Comment le bal a tourné au drame ? -

Dans la soirée du 18 novembre, quelque 400 personnes participent à un bal annuel organisé sur inscription par le comité des fêtes de Crépol, petite commune de la Drôme des collines.

Une dizaine de jeunes extérieurs au village et non-inscrits à la soirée entrent dans la salle communale pour participer à la fête. L'un d'eux, âgé de 20 ans, remet un couteau à un des quatre vigiles avant d'entrer, selon les éléments communiqués par le parquet de Valence.

Dans la salle, une altercation éclate avec un des intrus, pour une remarque liée à sa coupe de cheveux. Il sort, "clairement dans l'intention de se battre", selon le parquet. La dispute dégénère à l'extérieur au moment où le bal s'achève.

Des véhicules arrivent à vive allure devant la salle, avec à bord, plusieurs individus jugés "hostiles" par les invités du bal. Une "expédition programmée" qui tourne à la "rixe", selon les mots du procureur de Valence.

Les jeunes venus d'ailleurs portent des coups, certains des coups de couteau et neuf des 104 témoins entendus par les gendarmes entendent des propos hostiles "aux blancs".

Des parents disent avoir vu quelqu'un exhiber une arme à la fenêtre d'une voiture et tirer plusieurs coups de feu.

Les pompiers prennent en charge 17 personnes, les autorités font état de huit blessés dont quatre graves. Thomas, un lycéen de 16 ans scolarisé à Romans-sur-Isère, capitaine junior d'une équipe de rugby locale, décède sur la route de l'hôpital.

- Qui sont les agresseurs présumés ? -

Dix jeunes de la région suspectés d'avoir participé aux violences sont interpellés le 21 novembre, à Romans-sur-Isère, ou en fuite à Toulouse. Au terme de 96 heures de garde à vue, neuf, dont trois mineurs, sont mis en examen et six placés en détention provisoire. Les chefs retenus contre les uns et les autres: "meurtre en bande organisée", "tentatives de meurtre" ou "violences volontaires commises en réunion".

Cinq d'entre eux n'ont pas de casier judiciaire, deux ont déjà été condamnés à des amendes ou des travaux d'intérêt général pour des petits délits. Les plus âgés, 21 et 22 ans, sont sous le coup d'une peine d'un an de prison avec sursis, l'un pour des violences aggravées et l'autre pour des faits d'outrage.

Lors des auditions, aucun des mis en examen ne reconnaît avoir porté le coup de couteau fatal.

L'enquête laisse penser que les participants du bal n'ont pas été visés du fait de leur appartenance à une "prétendue race, une ethnie, une nation ou une religion déterminée", souligne le procureur de Valence.

Lundi 11 mars, les enquêteurs interpellent onze autres personnes "soupçonnées d'avoir été présentes lors de ce drame" pour "confronter les propos des uns et des autres et savoir quelles sont les vraies responsabilités", selon le directeur de la gendarmerie nationale, Christian Rodriguez.

Jeudi soir, six avaient été remis en liberté, trois étaient présentés aux juges d'instruction et deux restaient en garde à vue.

Certains des suspects sont originaires du quartier sensible de la Monnaie, un des plus pauvres de Romans-sur-Isère et un des "plus difficiles" de la Drôme, selon des sources policières.

- Agitation politique -

L'ultradroite, mais aussi l'extrême droite et la droite parlementaire, s'emparent de l'émoi suscité par le décès de Thomas pour rebondir sur le thème de l'insécurité et des dangers de l'immigration. Marion Maréchal parle de "racisme anti-blanc", Marine Le Pen de "banlieues criminogènes", Eric Ciotti de "tuerie commise par des racailles".

L'ultradroite multiplie les actions sur le terrain jusqu'à ce que le gouvernement lance un appel au calme assorti d'une procédure de dissolution visant deux groupuscules déjà dans son viseur - la Citadelle et Division Martel. Une vingtaine de militants identitaires accusés d'avoir participé à des manifestations interdites sont sanctionnés par quelques mois de prison ferme ou avec sursis.

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