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Un cessez-le-feu d’un mois en Ukraine marque une pause dans les combats, mais son respect reste incertain. Entre la stratégie de Moscou, les tensions sur le terrain et le risque de manipulations, cette trêve pourrait rapidement être mise à l’épreuve. La Russie tiendra-t-elle vraiment parole ?
- Un arrêt total des combats pour 30 jours a été négocié, mais sa mise en œuvre reste incertaine.
- La Russie a déjà violé plusieurs accords passés, ce qui suscite des doutes sur son respect de cette trêve.
- Si la trêve échoue, l’Ukraine pourrait être accusée et voir son aide occidentale fragilisée.
- Moscou pourrait exploiter cette pause pour influencer Trump et affaiblir encore plus Kiev.
Un cessez-le-feu d’un mois en Ukraine semble être une bonne nouvelle, du moins en apparence. Mais cette trêve pourrait bien devenir l’un des défis les plus complexes du conflit. Sa tenue et sa durée auront un impact direct sur l’avenir de l’Ukraine, sa souveraineté et le soutien international dont elle bénéficie.
Après des centaines de milliers de morts des deux côtés, refuser un cessez-le-feu semble difficile. Moscou, en particulier, subit une pression croissante pour ne pas apparaître comme l’obstacle aux efforts de paix du président américain Donald Trump.
Pour Vladimir Poutine, la situation est paradoxale. Après trois ans d’agression brutale contre l’Ukraine, il doit donner l’illusion d’être un partenaire dans le processus diplomatique. Il pourrait accepter une forme de trêve, mais chercher à retarder son application afin de poursuivre ses objectifs militaires, notamment dans la région de Koursk, où l’armée russe tente de repousser complètement les Ukrainiens.
Un accord difficile à faire respecter
Une fois la trêve instaurée, deux arguments vont être testés. D’un côté, la méfiance envers le Kremlin, connu pour ne pas respecter ses engagements diplomatiques. De l’autre, la volonté de l’Ukraine de récupérer l’intégralité de son territoire, ce qui rend le gel des lignes de front inacceptable. Un cessez-le-feu risquerait ainsi de se transformer en un affrontement diplomatique pour désigner le responsable de son éventuel échec.
L’accord prévoit un arrêt total des combats sur l’ensemble du front pendant 30 jours. Or, sur plusieurs centaines de kilomètres, les forces en présence ont appris à se traquer avec des drones, de l’artillerie et des blindés. L’idée qu’un tel carnage puisse s’interrompre du jour au lendemain sans bavure ni provocation semble peu réaliste.
Certains pays européens et l’Ukraine avaient initialement proposé un cessez-le-feu partiel, limitant les attaques aériennes, navales et contre les infrastructures énergétiques. Une solution plus facilement contrôlable. Mais l’accord final, négocié à Djeddah, exige l’arrêt complet des hostilités.
Cependant, le risque d’incidents involontaires ou de provocations délibérées est immense. La Russie maîtrise l’art de la désinformation et des "fausses attaques" destinées à justifier ses ripostes. Pendant ces 30 jours, de simples accrochages ou tirs de drones pourraient être exploités pour semer le doute et relancer les hostilités.
Moscou, maître du jeu ?
L’histoire récente incite à la prudence. En 2014, Moscou a annexé la Crimée tout en niant son implication. En 2015, elle a signé un cessez-le-feu avant de s’emparer de Debaltseve. En 2022, elle a lancé son invasion à grande échelle après avoir assuré qu’elle ne le ferait pas.
Le danger est donc clair : si la trêve échoue, possiblement à cause d’une provocation russe, et que Trump en rend l’Ukraine responsable, le soutien occidental pourrait vaciller. Washington pourrait même suspendre son aide militaire, affaiblissant l’Ukraine face à une nouvelle offensive russe.
Comme l’a résumé Marco Rubio, secrétaire d’État américain : "La balle est maintenant dans leur camp". Mais Moscou a l’habitude de s’emparer du ballon, de contester les règles, puis de prétendre qu’il lui a été volé. L’administration Trump va bientôt découvrir, à ses dépens, l’art subtil de la diplomatie du Kremlin.
















