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De retour à La Mecque, les plus âgés défient l'été saoudien pour vivre leur rêve

A 71 ans, le Libyen Al-Safi Mansour a enfin réalisé son rêve d'accomplir le grand pèlerinage musulman après avoir eu peur de mourir sans avoir visité La Mecque, la ville la plus sacrée de l'islam, fermée pendant trois ans aux personnes âgées.

Les restrictions imposées durant la pandémie de Covid-19 ayant été totalement levées cette année, ce père de sept enfants n'a pas hésité à faire le voyage en Arabie saoudite, malgré des températures étouffantes dans l'une des régions les plus chaudes au monde.

"J'ai souhaité toute ma vie avoir la chance" de faire le pèlerinage, raconte Al-Safi Mansour depuis le Mont Arafat, à quelques kilomètres de la Grande Mosquée de La Mecque, où il a prié sous une température dépassant 48 degrés mardi.

Au plus fort de la pandémie, en 2020 et 2021, le royaume du Golfe avait réduit le nombre de participants à quelques milliers, contre 2,5 millions en 2019. Le quota a été porté à 926.000 en 2022, mais limité aux moins de 65 ans.

"J'ai cru que j'allais mourir avant d'avoir accompli le hajj", affirme Al-Safi Mansour, les lunettes embuées par l'humidité ambiante.

Le hajj, l'un des cinq piliers de islam, doit être entrepris par tout musulman une fois dans sa vie, s'il en a les moyens.

Plus de 1,8 million de fidèles y participent depuis dimanche, dont certains ont économisé durant des années pour se l'offrir.

Abdel Latif Abdel Wahhab, âgé de 70 ans, devait le faire pour la première fois en 2020, avant d'être rattrapé par les restrictions sanitaires.

"J'étais très déprimé et triste", se souvient ce retraité libyen.

Mais aujourd'hui "je suis heureux, très heureux", ajoute-t-il.

- Rituels éprouvants -

Les rituels religieux, menés sur plusieurs jours à La Mecque et dans ses environs, dans l'ouest du royaume, ont été particulièrement éprouvants cette année, la plupart se déroulant en extérieur, en plein été.

Au moins 287 personnes ont été traitées pour des coups de chaleur ou des insolations, selon les autorités saoudiennes, qui ont appelé les plus fragiles à ne pas s'exposer au soleil durant les heures les plus chaudes de la journée.

Plusieurs personnes âgées, appuyées sur leur canne ou dans des chaises roulantes, ont été vues en état d'épuisement, secourues par des proches ou par l'un des 32.000 ambulanciers déployés dans la zone.

Souffrant d'une maladie cardiaque, Chaaban al Sissi, un Egyptien de 67 ans, reconnait que les "températures élevées (l')éreintent". "Mais je ne partirai pas (...) avant d'avoir accompli tous les rituels", ajoute-t-il.

Outre la chaleur étouffante, Rahim, un Indonésien de 76 ans effectuant le cinquième pèlerinage de sa vie, raconte avoir eu du mal à se déplacer, avec sa canne, parmi "l'immense foule".

Pour la plupart des pèlerins, l'expérience reste malgré tout inoubliable. Fadia Abdullah, une Egyptienne de 67 ans abritée sous une ombrelle verte, affirme ressentir "toute la joie du monde".

"Je vis un moment que j'ai attendu toute ma vie", dit-elle.

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