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Echapper à une fusillade et se retrouver, par un coup du sort, confronté à une autre. A mesure que se poursuit la litanie meurtrière aux Etats-Unis -- encore six morts lundi, dont trois enfants, dans une école de Nashville --, des Américains témoignent de la prévalence de ces événements violents dans leur vie.
Journaliste et survivante
Joylyn Bukovac, journaliste pour la chaîne locale WSMV4, couvrait la fusillade de Nashville quand elle a révélé aux téléspectateurs que l'événement ravivait en elle des souvenirs douloureux.
"C'est quelque chose qui me touche personnellement. Beaucoup d'entre vous ne le savent peut-être pas, mais j'ai survécu à une fusillade dans mon école", a-t-elle dit.
Elle était en quatrième, a-t-elle ajouté, et se trouvait "dans le couloir quand l'homme armé a ouvert le feu".
La journaliste a profité de cette confession intime pour donner un conseil aux proches des élèves.
"Soyez très doux avec eux et laissez-les parler quand ils seront prêts, parce que le choc qu'ils vont ressentir une fois à la maison sera sans bornes", a-t-elle affirmé. "Je n'étais pas prête à en parler pendant deux ans. Alors donnez-leur un peu de temps."
La vidéo de ses propos est devenue virale et elle a reçu de nombreux messages de soutien.
"Je voulais juste que les gens sachent qu'ils ne sont pas seuls", a-t-elle réagi dans un tweet.
"Je n'en parle pas beaucoup, mais je pense souvent à ce qui s'est passé le 5 février 2010 (...). Je veux aussi discuter des solutions. En tant que maman, je m'inquiète pour l'avenir."
De l'Illinois au Tennessee
La vidéo d'Ashbey Beasley faisant irruption dans une conférence de presse après la fusillade de Nashville, pour lancer un vibrant plaidoyer contre la violence par arme à feu, est elle aussi devenue virale.
Car avec son fils, Ashbey Beasley a survécu à une fusillade le 4 juillet à Highland Park, dans l'Illinois, en pleine parade pour la fête nationale américaine (sept morts). Et elle se trouvait lundi "en vacances en famille" à Nashville quand le carnage s'est produit.
"Vous n'en avez pas assez d'être ici et de devoir couvrir toutes ces fusillades de masse?", a-t-elle demandé. "Comment est-il possible que ça se produise encore?"
Ashbey Beasley a dit à la chaîne CNN qu'elle avait prévu de déjeuner avec une amie ayant perdu son fils dans une fusillade dans un restaurant, il y a cinq ans, quand cette dernière l'a informée que l'école d'un autre de ses fils était en état d'alerte à cause du carnage à Nashville.
"Voilà où nous en sommes. Nous avons des enfants qui traversent plusieurs fusillades de masse. Que sommes-nous en train de faire?", a-t-elle lancé.
Du lycée à l'université
Lycéenne, Emma Riddle a survécu en 2021 à une fusillade meurtrière dans son lycée du Michigan. Elle espérait sûrement ne plus jamais vivre un tel cauchemar. Mais un peu plus d'un an plus tard, la violence l'a rattrapée à l'université.
"Il y a 14 mois, j'ai dû être évacuée du lycée d'Oxford quand un adolescent de 15 ans a ouvert le feu et tué quatre de mes camarades, blessant sept autres. Ce soir, je suis assise sous mon pupitre à l'université de Michigan State, à envoyer encore une fois des messages disant +Je t'aime+ à tout le monde", a-t-elle tweeté en février.
"Quand en verrons-nous la fin?", avait-elle ajouté.
Tout en disant sa douleur que sa fille ait vécu deux fois un événement si traumatisant, son père, Matt Riddle, a expliqué que la première fusillade l'avait préparée à mieux réagir à la deuxième.
"Comme elle a vécu ça à Oxford, ça l'a aidée à comprendre ce qu'elle doit faire dans ce type de situations", a-t-il dit.
Ce qui ne veut pas dire qu'il pense que c'est une bonne chose.
"Sa sécurité et son sentiment d'être en paix lui ont été arrachés deux fois en 14 mois parce que l'Amérique continue de préférer les armes aux enfants", a-t-il tweeté.