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Annoncé intense, le phénomène El Niño va particulièrement frapper l'archipel équatorien des Galapagos, l'un des endroits les plus exposés à la crise climatique, et notamment ses espèces vulnérables, parmi lesquelles ses exceptionnelles colonies d'iguanes.
Sur le sable blanc de l'île de Santa Cruz, située à 1.000 km au large de l'Equateur, se bousculent nombre d'Amblyrhynchus cristatus. Cette espèce unique d'iguanes marins qui peut vivre jusqu'à 60 ans est l'une des plus menacées par l'augmentation de la température à la surface des océans associée à El Niño, générateur d'événements climatiques extrêmes, affaiblissant les vents ou générant des pluies diluviennes.
"Nous sommes dans un endroit où convergent de nombreux courants océaniques, ce qui signifie que des événements comme El Niño, produit du changement climatique, ont un impact sévère sur de nombreuses espèces et sur certains écosystèmes" de l'archipel, explique Washington Tapia, directeur de la Société de conservation des Galapagos.
Les iguanes marins mangent majoritairement des algues en bord de plages "et ne peuvent pas nager sur de longues distances en pleine mer pour chercher (leur) nourriture", qui se fait rare pendant la saison d'El Niño, ajoute-t-il.
L'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA) a annoncé le début d'El Niño au 8 juin, avertissant qu'il "pourrait établir de nouveaux records de température" dans certaines régions.
Et bien qu'il s'agisse d'un phénomène climatique naturel qui se produit en moyenne tous les deux à sept ans et dure généralement entre neuf et douze mois, l'épisode s'inscrit "dans le contexte d'un climat modifié par les activités humaines", rappelle l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
- Perte en poids et taille -
Si l'intensité et la fréquence d'El Niño varient, le phénomène "a frappé les Galapagos de façon permanente", explique Danny Rueda, directeur du parc national des Galapagos, dans un entretien accordé à l'AFP.
En 1982, El Niño sonnait un premier avertissement avant qu'en 1997 il ne blanchisse des colonies entières de coraux et ne fasse des ravages au sein des espèces animales des îles qui ont inspiré la théorie darwinienne de l'évolution.
"Selon les prévisions, ce serait le troisième El Niño d'aussi grande ampleur", s'inquiète le directeur du parc. A cette période de l'année, il devrait normalement constater un "afflux d'eau froide, mais nous avons encore un courant d'eau très chaude".
Les espèces des Galapagos sont capables, par effet de résilience, de survivre aux anomalies climatiques. Mais si ces variations se produisent trop fréquemment et avec trop d'intensité, l'équilibre entre natalité et mortalité risque d'être rompu.
Aux Galapagos, El Niño a par le passé réduit de 30% la population de manchots et de cormorans, affectant également les otaries et les iguanes marins, les quatre espèces les plus vulnérables de l'archipel.
Manchots et cormorans, estimés entre 1.000 à 1.500, pourraient être plus touchés que les iguanes marins, les seuls au monde à avoir cette capacité à plonger.
Cette colonie de 450.000 reptiles constitue une "population qui peut se rétablir très rapidement", note M. Rueda, ce qui ne les empêche pas de perdre du poids et de rétrécir jusqu'à cinq centimètres, comme cela a pu être documenté par le passé.
Les fortes pluies pourraient elles affecter les populations de tortues de mer et de tortues terrestres, car leurs nids seraient inondés et leurs œufs perdus.
"Comme c'est un phénomène naturel, nous n'avons pas de mesures préventives", la seule chose à faire est "d'avoir les chiffres de la population après la nidification pour savoir à quel point le phénomène a impacté ces populations vulnérables" des Galapagos, explique Danny Rueda.
Le suivi de la population animale permettra donc, a posteriori, de déterminer l'intensité et l'impact de ce nouveau El Niño.
S'il y a moins de "succès reproductif" de ces espèces vulnérables, explique le directeur, on "parlera d'un phénomène El Niño (...) en termes de conservation".