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Au premier tour de la présidentielle polonaise, c'est le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, qui arrive légèrement en tête. Dans un pays très catholique, il défend notamment les droits LGBT et l'avortement.
Le maire de Varsovie Rafal Trzaskowski, arrivé légèrement en tête du premier tour de la présidentielle polonaise dimanche, est un pro-européen qui a promis de libéraliser les lois sur l'avortement et de garantir les droits des LGBTQ.
Il est crédité de 31,2% des voix, contre 29,7% pour Karol Nawrocki, le candidat soutenu par le parti Droit et Justice (PiS, conservateur), d'après un sondage Ipsos pour la télévision publique TVP portant sur 90% des votes.
Une victoire de cet européen convaincu de 53 ans mettrait fin à une cohabitation difficile et permettrait au gouvernement, au pouvoir depuis décembre 2023, de réaliser ses promesses électorales.
Soutenu par la Coalition civique (KO, centre) du Premier ministre Donald Tusk, il devrait affronter M. Nawrocki, soutenu par le parti Droit et Justice (PiS) du président sortant Andrzej Duda, au second tour de la présidentielle prévu le 1er juin.
Ancien vice-ministre des Affaires étrangères, Rafal Trzaskowski, avait perdu de justesse sa première course à la présidentielle en 2020 face au conservateur Andrzej Duda.
Si la majorité des candidats ont prôné le renforcement de la puissance militaire du pays, Rafal Trzaskowski a fait écho aux annonces gouvernementales de prochainement "consacrer 5% du PIB" à la sécurité nationale, contre 4,7% prévus cette année.
Sur la scène internationale, il martèle l'importance de l'UE, alors que son adversaire, M. Nawrocki, mise principalement sur les Etats-Unis et l'Otan.
Fils d'un pionnier du jazz en Pologne
Rafal Trzaskowski, issu d'une famille d'intellectuels de Varsovie, est le fils d'un pionnier du jazz lorsque cette musique était honnie dans les années 1950 par le pouvoir communiste.
Au moment de la chute du mur de Berlin, il quitte l'école et travaille comme bénévole durant les premières élections libres en Pologne qui précipitent la fin de l'ère communiste.
Il décroche son diplôme en relations internationales à l'Université de Varsovie, puis un doctorat avec une thèse sur la réforme de l'UE. Il étudie aussi à Oxford, à Paris et au Collège d'Europe près de Varsovie.
Europhile affiché, ce polyglotte parle l'anglais, le français, l'italien, le russe et l'espagnol et travaille un temps comme professeur d'anglais.
Son penchant pour la francophonie lui vaut le surnom de "Bonjour" - une pique de la part de ceux qui le considèrent comme élitiste.
Profil européen
En 2000, il travaille sur l'adhésion de la Pologne à l'UE. Élu au Parlement européen en 2009, il rejoint en 2013 le premier gouvernement de Donald Tusk, avant que ce dernier ne devienne président du Conseil européen.
Rafal Trzaskowski occupe ensuite le poste de ministre des Technologies, puis celui de vice-ministre des Affaires étrangères.
Député au Parlement polonais dans les rangs de la Plateforme civique entre 2015 et 2018, il est élu vice-président du Parti populaire européen (PPE) en 2017.
M. Trzaskowski est élu maire de Varsovie pour la première fois en 2018 et réélu en 2024, mais son bilan à ce poste est vu comme mitigé.
Vieux livres et marijuana
Marié et père de deux enfants, M. Trzaskowski a promis de défendre les droits des femmes et de légaliser l'avortement, dans ce pays majoritairement catholique où cette procédure est quasiment interdite. Il a dit en mars vouloir oeuvrer pour que "cette loi médiévale sur l'interdiction de l'avortement devienne une chose du passé".
Il affiche son soutien aux mesures permettant l'avortement jusqu'à la 12e semaine de grossesse - une promesse de la Coalition civique au pouvoir qui, cependant, n'a pas été votée au Parlement.
Sur le chapitre des droits LGBTQ, autre sujet sensible en Pologne, Rafal Trzaskowski dit soutenir l'idée d'unions civiles, y compris pour les couples de même sexe.
Au moment de son élection à la mairie de Varsovie, il a signé une "Déclaration LGBT+", promettant de protéger les homosexuels, ce qui a irrité les nationalistes de droite qui mènent campagne contre ce qu'ils une "idéologie LGBT" supposée.
Dans une publication sur Facebook, il évoque son amour pour les vieux livres et reconnaît avoir fumé de la marijuana dans sa jeunesse - mais "rarement".
Il possède un bouledogue français nommé Babel (Bulle en français) avec lequel il pose souvent pour des photos.



















