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Cinq personnes ont été blessées par balles dont trois gravement samedi à Villerupt, petite ville proche de la frontière luxembourgeoise hantée par le trafic de drogue, par un tireur qui a été identifié, a-t-on appris auprès des autorités.
En début de soirée, un homme encagoulé a ouvert le feu dans cette commune de Meurthe-et-Moselle avant de prendre la fuite à bord d'un véhicule.
"Il y a cinq victimes, quatre hommes et une femme. Trois personnes sont grièvement atteintes, avec deux pronostics vitaux engagés. Parmi les blessés, il y a une personne mineure, et le plus âgé est un trentenaire", a déclaré à l'AFP la procureure de la République de Val-de-Briey, Catherine Galen.
"Il y a un tireur identifié, qui a procédé à de nombreux tirs sur place, de nombreuses douilles ont été retrouvées", a-t-elle ajouté, sans préciser la nature de l'arme à feu utilisée, "en cours d'identification".
Un périmètre de sécurité a été dressé au pied d'un immeuble de six étages. Au sol, quelques traces de sang sont visibles, tandis que la police scientifique prélevait encore en fin de soirée des éléments de preuve, placés dans des enveloppes en kraft. Des canettes ou encore une chaise de camping ont ainsi été récupérés, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une enquête de flagrance a été ouverte, confiée à la DTPJ de Metz (Direction territoriale de la police judiciaire, anciennement DRPJ). Le parquet de Val-de-Briey, non compétent pour ce type de faits, devrait se dessaisir de l'enquête au profit du parquet de Nancy.
"Il n'y a eu qu'une seule scène de tirs, il n'y a rien à Audun-le-Tiche", a-t-elle attesté, alors que certaines autorités locales avaient précédemment annoncé que des tirs avaient également eu lieu sur cette commune voisine, de l'autre côté de la limite du département, en Moselle.
Sollicités, les élus de Villerupt ont exprimé leur émotion, tout en assurant avoir réclamé de longue date des moyens policiers supplémentaires pour faire face aux trafics en tout genre qui rongent cette commune de 10.000 habitants située à moins de 10 kilomètres de la frontière luxembourgeoise, et à une vingtaine de kilomètres de la Belgique.
"Je suis choqué, ce n'est pas ce que nous voulons voir sur notre commune. Je pense aux familles, j'espère que demain elles ne vont pas devoir enterrer leurs enfants", a déclaré à l'AFP le maire de Villerupt, Pierre Spizak.
-"L'Etat nous abandonne"-
Selon lui, la fusillade a eu lieu "à l'endroit d'un point de deal", et laisse penser à "un règlement de comptes". "Je ne dis pas que les blessés sont des trafiquants, c'était peut-être simplement des amis qui discutaient. Mais ça fait un certain temps que nous alertons sur la situation, nous sommes démunis, et aujourd'hui on se retrouve avec trois blessés graves", a-t-il regretté.
"Il y a des petits trafics, des plus gros trafics, des marchands de sommeil, de la prostitution... Ce sont des problématiques liées notamment aux frontières, c'est facile de passer d'un côté à l'autre, et nous avons peu d'agents de police. Ils font ce qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont, mais l'Etat nous abandonne", a-t-il déploré.
L'élu a spontanément évoqué la visite sur la commune en mars 2021 du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. "Depuis, la situation a empiré concernant l'hôtel de police", juge Pierre Spizak. "Nous avons 79 agents hors personnel administratif, alors qu'il y a deux ans, le ministère de l'Intérieur devait monter les effectifs à 104, ce qui fait un différentiel de 25 agents", a-t-il compté, craignant que les prochains grands événements sportifs organisés en France (Coupe du monde de rugby, Jeux olympiques) diminuent les effectifs locaux de police nationale.
Selon Pierre Spizak, la visite ministérielle a permis de maintenir ouvert le commissariat de la commune. "Mais parfois, il n'y a qu'une seule personne à l'intérieur", a-t-il souligné. "Nous avons actuellement entre 11.000 et 12.000 plaintes qui ne sont pas traitées, par manque de moyens. Qu'est ce qu'on peut faire ? Une nouvelle visite ministérielle ?".
Le maire a néanmoins salué le travail réalisé localement par les fonctionnaires de police, ainsi que par les médiateurs de rue.
"Mais ce qui s'est passé aujourd'hui, malheureusement, c'est quelque chose sur lequel nous avions alerté il y a deux ou trois semaines", a-t-il conclu. "On avait dit +attention, ça monte, on pourrait avoir des morts+. C'est dramatique".