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Guatemala: nouvelle attaque du parquet contre un candidat à la présidentielle

Le bras de fer entre les services du procureur général du Guatemala et le candidat social-démocrate Bernardo Arévalo, qualifié surprise pour le second tour de l'élection présidentielle le 20 août, s'est poursuivi vendredi avec une perquisition au siège de son parti.

"Le parquet spécial contre l'impunité, en coordination avec la PNC (police nationale civile), procède à une perquisition au siège du parti politique Semilla", situé dans le centre de la capitale Guatemala, a écrit cet organe sur Twitter, dans ce qui constitue un nouvel épisode d'une campagne présidentielle marquée par des actes judiciaires.

La perquisition a commencé quelques heures après le dépôt d'un recours du Tribunal suprême électoral (TSE) devant la Cour constitutionnelle visant à empêcher le bureau du procureur général d'entraver le second tour qui doit opposer M. Arévalo à Sandra Torres, également de sensibilité sociale-démocrate.

Celui des deux qui remportera le scrutin succédera le 14 janvier au président Alejandro Giammattei, mettant fin à 12 années de gouvernement de droite.

Mais encore faut-il que le scrutin se tienne. "Cet acte fait partie de la persécution politique de la minorité corrompue qui sait qu'elle est en train de perdre le pouvoir jour après jour", a déclaré après la perquisition Bernardo Arévalo, fils de l'ancien président Juan José Arévalo (1945-1951).

Le parquet a expliqué que la perquisition avait été menée "pour obtenir des indices qui solidifient l'enquête" contre le parti Semilla pour de présumées irrégularités lors de sa création en 2017.

Le procureur Rafael Curruchiche a commencé à agir contre Semilla après le premier tour de la présidentielle, le 25 juin, à l'issue duquel M. Arévalo a créé la surprise en se qualifiant, derrière Mme Torres.

Le juge Fredy Orellana a suspendu la semaine dernière à sa demande l'enregistrement juridique du parti arguant d'irrégularités présumées dans l'inscription de ses membres.

La Cour constitutionnelle a cependant suspendu le lendemain cette décision, critiquée tant au Guatemala qu'à l'étranger, vue comme une tentative d'écarter M. Arévalo du second tour.

Toujours sur ordre de M. Curruchiche, les bureaux du TSE ont été perquisitionnés à deux reprises en raison notamment de son refus de se conformer à l'ordre controversé du juge Orellana de disqualifier Semilla.

- "Perdre le pouvoir" -

Il y a une semaine, il avait perquisitionné les bureaux du Registre des citoyens, au Tribunal suprême électoral (TSE). Un mandat d'arrêt a en outre été délivré à l'encontre d'une dirigeante de Semilla.

Bien que les candidats qui ont remporté le premier tour soient tous deux sociaux-démocrates, les actions du parquet et du juge Orellana se concentrent sur M. Arévalo. Il est vraisemblablement considéré par des secteurs puissants dans le pays comme un danger pour leurs intérêts.

La Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) s'est inquiétée vendredi d'"ingérences dans le processus électoral au Guatemala, dans un contexte de manque d'indépendance du ministère public et de sa procureure générale" Consuelo Porras.

Le secrétaire général de l'Organisation des Etats Américains (OEA), Luis Almagro, a condamné des "attaques à des fins politiques".

Dans un communiqué, le gouvernement a lui qualifié de "surprenant et lamentable" le recours du TSE, estimant que l'exécutif avait apporté "toutes les garanties de protection et d'accès au vote durant le processus électoral".

Dans son recours devant la Cour constitutionnelle, le TSE lui demande d'ordonner au ministère public, mais aussi à la police, l'armée, la Cour suprême et à d'autres institutions du pays de garantir le second tour.

Le TSE estime qu'ils existe "une menace certaine, future et imminente que les autorités dénoncées violent l'Etat de droit démocratique en ne garantissant pas l'exercice des fonctions du Tribunal suprême électoral, des organes électoraux temporaires et des citoyens en général".

Le système politique actuel "a peur de perdre le pouvoir", souligne auprès de l'AFP Manfredo Marroquin, de l'ONG Accion Ciudadana, la section locale de Transparency International. "Ils sont en mode panique et cherchent à tout prix le dernier recours entre leurs mains pour contrecarrer la victoire d'Arévalo."

Des dizaines de partisans de M. Arévalo se sont rassemblés devant le siège du parti au moment de la perquisition.

"Curruchiche n'est pas un procureur, c'est un criminel", ont scandé les manifestants à propos du fonctionnaire inscrit par les Etats-Unis en 2022 sur une liste de ressortissants d'Amérique centrale liés à des "actes de corruption et antidémocratiques".

"Les tentatives de révoquer le résultat des élections" auront inévitablement "un impact sur les relations internationales du Guatemala, y compris avec" l'Union Européenne, a averti Peter Stano, un porte-parole de l'UE.

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