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Emmanuel Macron a ouvert la porte à une possible reconnaissance de l’État palestinien par la France. Si cette décision survenait en juin, elle constituerait un tournant symbolique et diplomatique, mais aux répercussions concrètes encore limitées dans le contexte actuel.
Revenu d’un déplacement en Égypte, Emmanuel Macron s’est dit prêt à reconnaître un État palestinien dans un avenir proche. Cette reconnaissance pourrait intervenir lors d’une conférence organisée à New York en juin, que la France coprésidera avec l’Arabie saoudite. Elle deviendrait alors le 148e pays à franchir ce pas, rejoignant plusieurs pays européens — comme l’Espagne, la Norvège, l’Irlande et la Slovénie — qui ont officialisé leur reconnaissance en 2024.
L’objectif affiché serait de raviver la solution à deux États, entérinée par les accords d’Oslo de 1993, mais aujourd’hui largement fragilisée. Ces accords prévoyaient la création d’un État palestinien et la mise en place d’une autorité autonome sur les territoires de Cisjordanie et de Gaza.
Un contexte politique et territorial profondément dégradé
Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et les représailles militaires qui ont ravagé Gaza, la situation sur le terrain s’est considérablement détériorée. La bande de Gaza est aujourd’hui en grande partie détruite. En Cisjordanie, la colonisation israélienne se poursuit à un rythme soutenu, morcelant le territoire en zones discontinues, ponctuées de routes militaires et d’implantations illégales selon le droit international.
Par ailleurs, l’Autorité palestinienne, dirigée depuis deux décennies par Mahmoud Abbas, est largement discréditée. À 89 ans, celui-ci ne s’est jamais soumis à de nouvelles élections, accentuant le fossé entre la population palestinienne et ses représentants officiels.
Une reconnaissance politique
Du point de vue israélien, une telle reconnaissance est jugée inacceptable. En témoigne le vote de condamnation à la Knesset suite aux reconnaissances européennes de 2024. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a maintes fois réaffirmé son opposition à tout État palestinien, préférant promouvoir un projet inspiré du "plan Trump" pour Gaza — une évacuation de la population et un redéveloppement touristique — et envisageant une annexion totale de la Cisjordanie, réduisant les zones palestiniennes à des entités administratives locales sans souveraineté.
Une question de principe
La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, pourrait donc poser un acte politique fort. Mais, comme le souligne la situation actuelle, reconnaître un État revient à s’interroger sur la réalité de ce qui est reconnu. Quelles frontières ? Quelle autorité légitime ? Quelle capacité de gouvernance sur un territoire morcelé et ravagé par les conflits ?
Cette initiative serait néanmoins un rappel clair du positionnement européen : défendre la solution à deux États face à l’approche unilatérale défendue par les États-Unis de Donald Trump. Mais dans les faits, ce geste serait avant tout symbolique, sans réelle incidence sur le quotidien des Palestiniens ni sur l’impasse politique actuelle.


















