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La trêve entre Israël et le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza est entrée en vigueur vendredi, et doit être assortie par la libération dans l'après-midi de 13 otages contre des prisonniers palestiniens, premiers signes de répit après des semaines de guerre. "Treize femmes et enfants qui seront récupérés par la Croix-Rouge internationale dans la bande de Gaza et qui seront amenés vers Rafah, le point de passage avec l'Egypte. Une libération qui se fera dans le plus grand secret, la plus grande discrétion, en tout cas à l'abri de la presse. Les familles des otages n'ont pas encore été prévenues et elles le seront à la dernière minute pour les accueillir aux points de passage. Il y aura des médecins, mais aussi des psychologues, car l'accompagnement sera primordial", précisent nos envoyés spéciaux Chantal Monet et Denis Caudron. "Les otages seront ensuite ramenés en Israël par avion". Les premières libérations devraient avoir lieu vers 15H (heure belge).
Le Qatar, médiateur-clé avec l'Egypte et les Etats-Unis, avait obtenu mercredi un accord portant sur une trêve renouvelable de quatre jours lors desquels 50 otages retenus à Gaza doivent être libérés comme 150 détenus palestiniens. La branche armée du Hamas a déclaré que pour chacun des otages relâchés, trois prisonniers palestiniens, des femmes et des jeunes, seraient libérés.
De Croo remercie le président égyptien
C'est précisément en Egypte que s'est rendue ce vendredi matin la délégation du Premier ministre belge. Alexander De Croo est accompagné dans ce voyage par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez. Ils ont rencontré Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien. Le Premier ministre belge a profité pour le remercier d'avoir permis la sortie d'une centaine de Belges ce jeudi soir de la Bande de Gaza. Les Belges seront ensuite ramenés vers la Belgique par avion militaire.
Depuis mercredi, 89 Belges et ayants droit ont été évacués de la Bande de Gaza. Au total, 104 ayants droit - soit des Belges et des membres de leur famille qui n'ont pas la nationalité belge - ont encore été identifiés. Depuis mercredi, 89 d'entre eux ont pu quitter la Bande de Gaza. Les 15 autres y restent, le plus souvent pour des raisons familiales. Que les Belges puissent désormais quitter le secteur ne relève pas du hasard.
"C'est un des objectifs de ce voyage, c'était d'accélérer l'évacuation des Belges. Hier, une centaine ont pu être évacués et l'Egypte a vraiment joué un rôle important. Donc je voulais vraiment les remercier. Ce n'était pas l'unique objectif de ce voyage, mais c'est un important. Il y a d'autres sujets dont on a parlé naturellement. C'est l'accès humanitaire à Gaza d'abord, de pouvoir mieux l'organiser et donc de pouvoir laisser passer plus de camions", a déclaré Alexander De Croo.

Rappel du début de la guerre
La guerre a été déclenchée par une attaque sanglante sans précédent menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien. En représailles, Israël a bombardé sans relâche la bande de Gaza, contrôlé par le Hamas que le gouvernement israélien a promis "d'anéantir". La situation humanitaire dans le territoire palestinien est désastreuse selon des organisations non gouvernementales et l'ONU.
"Je rentre à la maison"
Aux premières lueurs du jour, alors que les frappes aériennes incessantes depuis près de 50 jours jours s'étaient tues, ils étaient des dizaines de milliers dans le sud de la bande de Gaza à avoir fait leur balluchon: ici des cartons, là, des sacs plastique remplis d'effets personnels, pour repartir en famille vers leurs villages.
Omar Jibrine, 16 ans, avait trouvé refuge avec huit autres membres de sa famille à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Un quart d'heure avant même l'entrée en vigueur de la trêve, il est sorti de l'établissement pour prendre la route de l'est, vers son village à quelques kilomètres de Khan Younès: "Je rentre à la maison", dit-il à l'AFP.
Mais alors que voitures et carrioles se mettent en branle, des tracts en arabe lancés depuis les airs par l'armée israélienne préviennent: "la guerre n'est pas encore finie".
"Revenir dans le nord est interdit et très dangereux!", soulignent encore les tracts, l'armée israélienne considérant le nord de la bande de Gaza, d'où ont fui des centaines de milliers de Palestiniens vers le sud, comme une zone de combat.
Des responsables sécuritaires israéliens, accompagnés du personnel de la Croix-Rouge et d'agents égyptiens, seront déployés de leur côté au "hall égyptien" du poste-frontière de Rafah, afin de recevoir les otages libérés de Gaza qui s'envoleront ensuite de l'aéroport al-Arich vers Israël, selon cette source.
"Loin de la presse"
Une source au sein du Hamas a indiqué à l'AFP que la libération des otages à Rafah se ferait "loin de la presse".
Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait dit jeudi disposer d'une "première liste de noms" d'otages et être en lien avec leurs familles.
Maayan Zin a appris que ses deux filles mineures ne faisaient pas partie des personnes devant être libérées vendredi.
"C'est incroyablement difficile pour moi", a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter), bien que "soulagée pour les autres familles".
A Jérusalem-Est occupée, la Palestinienne Samira Douayyat a évoqué la possible libération de sa fille Shourouk, 26 ans, qui aura purgé la moitié de sa peine de 16 ans de prison. "Je pleure, je ris, je tremble", dit-elle à l'AFP.
Israël a diffusé une liste de 300 Palestiniens susceptibles d'être libérés au total si la trêve est prolongée, comptant 33 femmes et 267 jeunes de moins de 19 ans. Parmi ces détenus, 49 sont membres du Hamas.
"Nous avons posé comme condition que (...) les prisonniers femmes et enfants palestiniens" soient libérés "par ordre d'ancienneté" en détention, a déclaré Bassem Naïm, haut cadre du Hamas.
Une source sécuritaire égyptienne a indiqué à l'AFP qu'une délégation égyptienne serait présente à Jérusalem et à Ramallah, en Cisjordanie, pour s'assurer du "respect de la liste" des prisonniers palestiniens libérés.
La communauté internationale a salué l'accord de trêve, y voyant un premier pas vers un éventuel cessez-le-feu durable.