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Le "cessez-le-feu immédiat" entre l'Inde et le Pakistan annoncé par Trump déjà violé?

Après plusieurs jours d'attaques meurtrières de drones, de tirs d'artillerie et de frappes de missiles, le Pakistan et l'Inde ont accepté samedi un "cessez-le-feu immédiat", a annoncé à la surprise générale le président américain Donald Trump, saluant le "bon sens" des deux puissances nucléaires. Plus tard ce samedi, une source gouvernementale indienne annonce que le Pakistan avait violé cet accord. 

EN DEUX MOTS :

  • L’Inde et le Pakistan ont accepté un cessez-le-feu immédiat après plusieurs jours de violents affrontements militaires et de frappes meurtrières.
  • L’accord a été salué par Donald Trump, qui revendique une médiation américaine, même si New Delhi affirme une négociation directe entre voisins.
  • Le conflit avait été déclenché par un attentat meurtrier au Cachemire, suivi d’escalades militaires ayant causé des dizaines de morts civils.

Depuis mercredi, les deux voisins, nés d'une douloureuse partition en 1947 au départ du colonisateur britannique, étaient sourds aux appels à la retenue des capitales étrangères qui redoutaient le point de non-retour. "Après une longue nuit de discussions sous la médiation américaine, je suis heureux d'annoncer que l'Inde et le Pakistan ont accepté un CESSEZ-LE-FEU TOTAL ET IMMEDIAT", a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social, adressant ses "félicitations aux deux pays" pour leur "bon sens et grande intelligence".

Dans la foulée à Islamabad, le ministre pakistanais des Affaires étrangères Ishaq Dar a confirmé que le Pakistan et l'Inde avaient accepté "un cessez-le-feu avec effet immédiat" dans un message sur X. Confirmant aussi un accord de cessez-le-feu, à Delhi, une source gouvernementale indienne indiquait toutefois qu'il avait été directement négocié entre l'Inde et le Pakistan et que les deux pays voisins n'avaient pas prévu de discuter d'autre chose que du cessez-le-feu.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio venait de déclarer sur X que l'accord faisait suite à des négociations approfondies entre lui-même et le vice-président JD Vance avec les Premiers ministres indiens et pakistanais Narendra Modi et Shehbaz Sharif, ainsi que d'autres hauts responsables.

"Je suis heureux d'annoncer que les gouvernements de l'Inde et du Pakistan ont accepté un cessez-le-feu immédiat et de commencer des pourparlers sur un large éventail de questions dans un lieu neutre", a aussi déclaré M. Rubio.

Dans la foulée de ces annonces, une source gouvernementale indienne a accusé le Pakistan d'avoir violé cet accord fraîchement trouvé. Une série de fortes détonations ont été entendues samedi soir à Srinagar, la principale ville du Cachemire indien (nord-ouest), où l'électricité a été coupée, ont rapporté des journalistes de l'AFP.

Le Pakistan a rétorqué en accusant à son tour l'Inde de violations du cessez-le-feu. Les forces armées pakistanaises "gèrent la situation avec responsabilité et retenue", a avancé le ministère dans un communiqué. "Nous pensons que toute question relative à la mise en oeuvre diligente du cessez-le-feu doit être abordée par le biais d'une communication aux niveaux appropriés. Les troupes sur le terrain devraient également faire preuve de retenue", ajoute le communiqué.

"Vengé les morts innocents "

Tout avait commencé le 22 avril avec un attentat qui a choqué l'Inde: des hommes armés ont abattu 26 hommes sur un site touristique au Cachemire indien. New Delhi a accusé Islamabad de soutenir le groupe jihadiste qu'elle soupçonne de l'attaque, ce que son voisin a démentu fermement. Après des sanctions diplomatiques, des menaces sur le partage des eaux du fleuve Indus, les deux pays sont entrés mercredi dans leur pire confrontation militaire depuis des décennies.

Ce jour-là, l'Inde a mené des frappes sur plusieurs villes pakistanaises assurant y détruire des "camps terroristes" et entraînant une spirale d'attaques et de contre-attaques. Samedi matin encore, le Pakistan annonçait lancer sa riposte après des tirs de missiles indiens sur des bases militaires, dont l'une aux portes d'Islamabad.

Le Premier ministre pakistanais affirmait qu'"avec l'opération 'Edifice compact'", le Pakistan avait "donné à l'Inde une réponse adéquate et vengé les morts innocents" -une "vengeance" qu'il avait promise dans une adresse à la nation mercredi. L'Inde a confirmé avoir subi une série d'attaques, notamment de drones, contre plusieurs cibles militaires situées dans toute la partie nord-ouest de son territoire.

La principale ville du Cachemire indien, Srinagar, a été plusieurs fois secouée samedi par de violentes détonations. Touchée au petit matin, la base aérienne d'Awantipora, près de Srinagar, a encore été frappée à la mi-journée, selon une source policière s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Marco Rubio avait alors exhorté ses homologues indien et pakistanais "à rétablir une communication directe pour éviter toute erreur de calcul", tandis que la Chine haussait le ton, en appelant "fermement" les deux voisins à la retenue.

"Dégâts limités"

Selon le bilan officiel des deux camps, les violences ont tué une soixantaine de civils depuis mercredi. Cet état de guerre a suscité d'importants mouvements de population de part et d'autre de la "ligne de contrôle" qui sépare la région contestée du Cachemire entre les deux pays.

Dans la partie indienne, la gare de la ville de Jammu, visée par des attaques de drones pakistanais les deux dernières nuits, était prise d'assaut samedi par des habitants en quête d'un train. "Il y a eu des fortes explosions toute la nuit", a confié sur un quai l'un des candidats au départ, Karan Varma, un maçon de 41 ans. "Il n'y a pas d'autre choix que de partir".

De l'autre côté de la frontière de facto, Mohammed Hussain a raconté une nuit de violence qui a tué, selon les autorités du Cachemire pakistanais, 11 civils. "Ma maison a été fortement endommagée dans les tirs, j'essaie d'évacuer ma famille vers un endroit plus sûr", a-t-il dit. Après l'annonce du cessez-le-feu, le Pakistan a rouvert son espace aérien alors que côté indien, 32 aéroports du quart nord-ouest du pays restaient fermés.

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