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Le général Burhane, visage du pouvoir militaire au Soudan

Abdel Fattah al-Burhane incarne le visage du pouvoir militaire au Soudan, un pays quasiment toujours sous la coupe de l'armée depuis son indépendance en 1956.

C'est apparemment à son QG que tout a commencé samedi: les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), des miliciens venus au combat par la sanglante guerre du Darfour, l'ont "surpris", selon ses mots, avec une attaque menée "à neuf heures du matin" en plein ramadan et sous un soleil brûlant.

S'il a été si surpris, c'est que l'homme était de facto le dirigeant incontesté du Soudan depuis son putsch d'octobre 2021. Et qu'il pensait avoir négocié pour longtemps la loyauté de son second, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", patron des FSR.

Avec ce coup de force, ils évinçaient ensemble les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis qu'en 2019 la rue avait poussé l'armée à limoger l'un des siens, l'ex-président Omar el-Béchir.

Alors, pour aller vers la démocratie après trente années de dictature militaro-islamiste, toutes les forces soudanaises s'étaient tournées vers le général Burhane.

- "Mener ses troupes" -

L'ancien commandant de l'armée de terre de Béchir passait alors pour une des rares figures consensuelles du pays.

Aujourd'hui, ses plus fervents adversaires, les derniers bastions de manifestants qui continuent de braver une répression meurtrière pour réclamer un pouvoir civil, l'accusent d'être un cheval de Troie des islamistes et des caciques de l'époque Béchir --dont plusieurs ont déjà été réinstallés à leurs postes.

Malgré tout, dans l'euphorie du retour du pays dans le concert des nations et du début de la transition démocratique, les partis politiques civils acceptaient de rejoindre la transition, formant un gouvernement sous la coupe du Conseil de souveraineté qu'il dirigeait.

Mais à l'aube du 25 octobre 2021, à la surprise générale, le général Burhane annonçait à la télévision arrêter la quasi-totalité des ministres et responsables civils.

Hemedti qui était pourtant à ses côtés, dénonce depuis un "échec" et qualifie le général Burhane d"'islamiste radical" et de "criminel". Côté armée, Daglo et ses "milices soutenues par l'étranger" sont des "ennemis".

Pour ses hommes, assurait au moment du putsch un officier à l'AFP, le général Burhane passé par les académies militaires soudanaise, égyptienne et jordanienne est "un commandant qui sait mener ses troupes".

Et ce sont ses hommes qui en parlent le plus car peu connaissait ce général, aujourd'hui âgé de 62 ans, longtemps resté un homme de l'ombre sous Béchir.

- Diplomatie -

C'est discrètement que ce natif de Gandatu, un village au nord de Khartoum, a coordonné, selon des médias soudanais, l'envoi de troupes soudanaises au Yémen lorsqu'il était commandant des forces terrestres.

Après le putsch, il a troqué son éternel uniforme kaki, son béret et ses galons bien en vue pour une tenue civile.

Moustache poivre et sel et longue silhouette élancée, ce père de trois enfants un temps attaché de Défense à Pékin, n'a de cesse de cultiver les liens diplomatiques de Khartoum.

Il est le grand artisan du projet de normalisation des relations avec Israël --le grand ennemi de l'ère Béchir-- quitte à passer au-dessus de la diplomatie du temps où elle était tenue par les civils.

En janvier 2020, quelques mois après la chute du dictateur, il rencontrait même le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en Ouganda.

Issu des rangs de l'armée et de l'académie militaire égyptienne --comme le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi--, l'homme est aussi très proche de l'influent grand voisin du nord.

C'est d'ailleurs Le Caire qui a récemment proposé aux forces politiques soudanaises une initiative donnant la haute main au général Burhane.

Dans le Golfe, le chef de l'armée a également été reçu à plusieurs reprises en grandes pompes. Mais de nombreux observateurs ont noté que, souvent, son grand ennemi Daglo était passé avant lui.

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