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Emmanuel Macron réunit ce mardi à Paris les chefs d’état-major européens pour discuter d’un plan de paix pour l’Ukraine. Parmi les sujets majeurs : la relation avec Washington et la dépendance de l’Europe à l’armement américain.
Si de nombreux pays européens se sont massivement équipés en matériel militaire américain ces dernières années, cette dépendance soulève aujourd’hui des inquiétudes. En effet, les États-Unis conservent un contrôle technique et juridique sur les armes qu’ils exportent.
Prenons l’exemple du chasseur F-35 : si un pays comme le Danemark devait l’utiliser contre une puissance comme les États-Unis, il ne pourrait même pas décoller, selon un expert de la défense chez Airbus.
Une affirmation reprise ce matin par l’ancien major général des armées françaises, Éric Outtelet, qui explique que Washington a la capacité technique d’empêcher un F-35 de prendre son envol, notamment via les mises à jour logicielles obligatoires, comparables à celles des voitures Tesla.
Un contrôle américain sur plusieurs équipements stratégiques
Cette dépendance ne se limite pas aux avions de chasse. D’autres équipements militaires européens sont sous influence américaine :
- Les systèmes de défense Patriot nécessitent un approvisionnement constant en missiles américains pour fonctionner.
- Les lance-roquettes HIMARS, largement utilisés par l’OTAN, reposent sur des coordonnées GPS militaires fournies par les États-Unis, qui pourraient refuser de les transmettre en cas de désaccord politique.
En plus de ces contraintes techniques, la réglementation américaine sur le trafic d’armes s’applique de manière extraterritoriale. Cela signifie que tout équipement contenant un composant d’origine américaine reste soumis aux autorisations de Washington.
C’est ainsi que les Pays-Bas et le Danemark ont dû obtenir l’aval des États-Unis avant de livrer des F-16 à l’Ukraine.
Une dépendance renforcée ces dernières années
D’après un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, les importations d’armes des pays européens membres de l’OTAN ont plus que doublé ces cinq dernières années, atteignant un taux de dépendance de 60 % vis-à-vis de l’armement américain.
Pour la première fois en 20 ans, l’Europe est devenue le principal client des États-Unis, représentant 35 % de leurs exportations d’armes.
Certains pays n’ont même pas d’alternative. L’Allemagne, par exemple, a acheté des F-35 parce qu’ils sont les seuls avions capables d’utiliser les armes nucléaires américaines stockées sur son sol.
Un tournant avec l’ère Trump
Jusqu’à récemment, cette dépendance ne posait pas de problème majeur. Mais l’arrivée de Donald Trump au pouvoir a changé la donne.
Avec ses critiques répétées contre l’OTAN et son discours isolationniste, il a fragilisé la confiance des Européens dans le soutien américain. Aujourd’hui, la perspective d’un retour de Trump à la Maison-Blanche en 2025 alimente les inquiétudes quant à l’autonomie stratégique de l’Europe.
Toutefois, réduire cette dépendance prendra du temps. La France, avec Dassault, a commencé à concevoir des Rafales sans composants américains.
Mais pour la plupart des pays européens, renouveler entièrement leur arsenal prendrait des années.
D’ici là, Washington conserve une emprise stratégique sur leurs capacités militaires. En d'autres termes, comme le dit si bien Christophe Giltay : "Trump nous tient par la barbichette".


















