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L'inflation continue de ralentir aux Etats-Unis, tombant en février à son plus bas niveau depuis près d'un an et demi, mais la Fed, chargée de lutter contre cette hausse des prix, est désormais sous pression avec la faillite de la banque SVB.
La hausse des prix à la consommation s'est établie à 6,0% sur un an en février, comme attendu, contre 6,4% en janvier, selon l'indice CPI publié mardi par le département du Travail.
Il s'agit de son plus faible niveau depuis septembre 2021, et de son huitième mois de ralentissement d'affilée, après un pic à 9,1% en juin.
Sur un mois seulement, l'inflation ralentit également, à 0,4% contre 0,5%, après un rebond en janvier.
L'inflation est due, désormais, principalement au prix des logements. Mais aussi à ceux de l'alimentation, des loisirs, ou encore de l'ameublement.
Mais le prix des oeufs, dont la flambée était devenue symbolique de cet épisode d'inflation, a baissé de 6,7% par rapport à janvier. Et les prix de l'énergie continuent leur repli, en baisse de 0,6%.
Le président Joe Biden s'est réjoui de ce ralentissement, assurant qu'il continuera "à travailler pour réduire les coûts pour les Américains qui travaillent dur afin qu'ils aient un peu plus de marge de manoeuvre à la fin du mois".
"Comme nous le rappellent les défis du secteur bancaire, il y aura des revers en cours de route dans notre transition vers une croissance régulière et stable", a ajouté le démocrate, déjà en campagne sans le dire pour 2024.
- "Processus désinflationniste" -
La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) inquiète à l'échelle mondiale, et a fait vaciller les marchés lundi. Mais la confiance semblait reprendre le dessus mardi.
Les Bourses européennes gagnaient plus de 2% vers 14H00 GMT, rassurée par l'inflation, tandis que Wall Street a ouvert en hausse.
"Le processus désinflationniste cahoteux est bien engagé et la situation économique et financière actuelle pourrait accélérer la dynamique", a commenté Gregory Daco, chef économiste pour EY Parthenon.
Mais l'inflation reste, néanmoins, très forte.
Et les économistes s'inquiètent de l'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix de l'alimentation et de l'énergie, et à laquelle la banque centrale américaine (Fed) "porte une attention particulière (...) car c'est un bon indicateur de la direction que prendra l'inflation future", souligne Ryan Sweet, économiste pour Oxford Economics.
Or, celle-ci est repartie à la hausse sur un mois, à 0,5% contre 0,4%. Sur un an cependant, elle ralentit, à 5,5%, son plus faible niveau depuis décembre 2021.
- La Fed "concentrée" sur l'inflation -
Et la Fed, chargée de lutter contre l'inflation avec, notamment, des hausses de taux qui renchérissent le coût du crédit et incitent à réduire la consommation, va se trouver face à un dilemme de taille la semaine prochaine, lors de sa prochaine réunion.
Ses responsables envisageaient de faire grimper les taux plus que prévu, face à une inflation qui ne ralentit pas autant que souhaité. Mais la faillite de la banque californienne SVB, provoquée en partie par ces fortes hausses de taux depuis un an, risque de changer la donne.
Gregory Daco anticipe ainsi "un débat intense entre l'approche prudente consistant à maintenir le taux (...) inchangé et le désir de poursuivre les efforts pour lutter contre l'inflation", et opter pour une hausse modeste, d'un quart de point de pourcentage, le rythme le plus souvent utilisé.
La Fed privilégie une autre mesure de l'inflation, l'indice PCE, qu'elle veut ramener autour de 2% mais était reparti à la hausse en janvier, à 5,4% sur un an.
Bien que le stress ait augmenté dans le système bancaire, la Fed est toujours très concentrée sur la maîtrise de l'inflation", mais ses responsables "devront également s'assurer qu'ils offrent un soutien et fournissent des liquidités au système bancaire", détaille Ryan Sweet.
"La décision dépendra au final non seulement des données économiques, mais aussi des préoccupations en matière de stabilité financière", , selon Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.