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L'auteur de l'attentat-suicide perpétré au sein du quartier général de la police de Peshawar, au Pakistan, portait un uniforme de policier et un casque, qui lui ont permis de passer au travers des contrôles et de faire 84 morts, selon un bilan révisé à la baisse.
Les agents en service "ne l'ont pas contrôlé parce qu'il était en uniforme de police (...). C'était un manquement (en matière de) sécurité", a déclaré jeudi Moazzam Jah Ansari, chef de la police de la province du Khyber Pakhtunkhwa, lors d'une conférence de presse.
Des centaines de policiers prenaient part à une prière, lundi après-midi, dans la mosquée du quartier général de la police lorsque l'explosion est survenue, provoquant l'effondrement d'un mur sous lequel des agents ont été écrasés.
L'attentat a fait 84 morts, selon un bilan révisé à la baisse, en raison du "double enregistrement" de certains décès par les familles, a déclaré à l'AFP le chef de la police de la ville de Peshawar, Muhammad Ijaz Khan.
Il a précisé que 83 des personnes décédées étaient des policiers. Une femme civile qui vivait et travaillait dans le complexe a également été tuée.
Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière au Pakistan depuis 2018, et depuis la recrudescence des violences dans la région après la prise de Kaboul, le 15 août 2021, par les talibans.
La police a une "idée assez précise" de l'identité de son auteur, ayant fait le rapprochement entre des images de vidéosurveillance et sa tête, retrouvée sur les lieux de l'explosion.
"Il y a un réseau entier derrière lui", a ajouté M. Ansari, expliquant que l'attaque n'a pas été planifiée par son seul auteur.
Il a attribué l'attaque à Jamaat-ul-Ahrar, une faction plus radicale, tantôt affiliée tantôt dissidente, des talibans pakistanais du TTP, qui se sont eux-mêmes dissociés de cet attentat, affirmant ne pas attaquer les lieux de culte.
- Faille de sécurité -
Jamaat-ul-Ahrar a "d'abord revendiqué l'attentat puis nié toute implication après une violente réaction du public", a-t-il souligné.
Les autorités enquêtent pour déterminer comment une faille importante en matière de sécurité a pu se produire dans l'une des zones les plus étroitement contrôlées de la ville, où se trouvent des bureaux des services de renseignements et du contre-terrorisme, voisins du secrétariat régional.
Les autorités étudient également la possibilité que des personnes présentes à l'intérieur même du périmètre du quartier général aient pu aider à coordonner l'attentat, a indiqué mercredi un haut responsable de la police de la ville sous couvert d'anonymat.
"Nous avons arrêté des personnes du (quartier général) de la police pour creuser la question de savoir comment le matériel explosif a pu être introduit à l'intérieur et si des policiers ont été impliqués dans l'attaque", a précisé ce responsable à l'AFP.
Selon cette même source, au moins 23 personnes ont été placées en détention. Certaines sont originaires des anciennes zones tribales frontalières de l'Afghanistan, voisines de Peshawar.
L'attentat a replongé la ville dans un état de tension qu'elle n'avait plus connu depuis l'époque, il y a plus d'une décennie, où elle était le théâtre du militantisme effréné du TTP, par la suite chassé vers la frontière montagneuse et l'Afghanistan.
Selon des experts, les militants du TTP se sont enhardis depuis le retrait d'Afghanistan des soldats de l'Otan et des Etats-Unis et la prise de Kaboul par les talibans.
Les forces de sécurité sont depuis la cible d'un nombre croissant d'attaques qui surviennent souvent à des points de contrôle.
La plupart de ces actions sont revendiquées par le TTP ou par la branche régionale du groupe jihadiste Etat islamique, mais les attaques faisant des dizaines de morts restent rares.