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Pour Jair Bolsonaro, la justice après les scandales

Jair Bolsonaro a fait profil bas depuis sa défaite électorale mais les ennuis judiciaires remettent le leader d'extrême droite en pleine lumière dans un Brésil qui reste marqué par ses quatre années au pouvoir, entre provocations et scandales en série.

Cet ex-capitaine de l'armée, âgé de 68 ans, est jugé jeudi à Brasilia pour ses attaques contre le vote électronique lancées avant l'élection présidentielle de la fin 2022. Il risque l'inéligibilité pour huit ans.

Il doit, en outre, affronter une myriade d'autres procédures judiciaires, dont certaines pourraient lui valoir la prison.

Battu de peu par le vétéran de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, il s'est montré discret depuis son retour fin mars d'un séjour de trois mois aux Etats-Unis aux airs d'exil volontaire, commencé deux jours avant la prise de fonction de son rival.

Mais il reste actif en coulisses au sein de son Parti libéral, majoritaire au Parlement.

Les quatre années de mandat (2019-2022) de ce nostalgique de la dictature militaire (1964-1985) ont été marquées par une succession de crises.

Il a multiplié les attaques contre les institutions, s'en prenant avec virulence à la Cour suprême, et n'a cessé de critiquer la crédibilité du système électoral.

Admirateur de l'ex-président américain Donald Trump, il a été régulièrement accusé de disséminer lui aussi de fausses informations, notamment sur le Covid-19 ou sur les urnes électroniques.

Son style provocateur et machiste plaît toujours à son noyau de partisans irréductibles, qui restent nombreux, malgré les fréquents dérapages du "Mythe" (son surnom) qui a terminé son mandat avec le pire taux de rejet (50%) d'un président briguant une réélection au Brésil.

Le manque d'empathie dénoncé par de nombreux commentateurs chez Jair Bolsonaro durant la dramatique crise du Covid, qui a dépassé les 700.000 morts dans le pays, avait choqué dans la population.

Ce "corona-sceptique" a refusé de se faire vacciner et a plaisanté sur les vaccins, susceptibles de transformer les gens en "crocodile" ou en "femme à barbe".

- Défiance et outrances -

Elu pour "rétablir l'ordre", Jair Bolsonaro a gouverné souvent à coups de menton, à la tête d'un cabinet secoué par limogeages et démissions. Mais en toute fin de mandat, son bilan économique a été plutôt positif.

Ce fervent catholique avait lancé que "seul Dieu" pourrait le chasser du pouvoir. Mais c'est sa bête noire Lula qui l'a fait, avec moins de deux millions de voix d'avance.

Il ne l'a jamais félicité de sa victoire. Il a même quitté le Brésil deux jours avant la fin de son mandat, mutique et apparemment déprimé.

S'affichant en fervent patriote, il a critiqué, voire insulté, plusieurs chefs d'Etat ou de gouvernement étrangers, dont le président français Emmanuel Macron, isolant le Brésil sur la scène internationale.

En 2018, Jair Bolsonaro avait été bien élu (55%), malgré ses dérapages racistes, misogynes, homophobes ou anti-indigènes. Son désir d'en finir avec la corruption, la violence, la crise économique et la gauche "pourrie" avait séduit.

Piètre orateur, ce populiste ultra-conservateur à la syntaxe approximative et au regard bleu avait fait mouche avec des phrases simples.

Surtout, il s'était assuré le soutien des puissants lobbys de l'agronégoce et des évangéliques, confession de son épouse Michelle, âgée de 27 ans de moins que lui.

Ce défenseur de la famille a eu cinq enfants de trois femmes différentes.

Jair Bolsonaro est très proche de ses trois fils aînés, tous des élus, qui collectionnent eux aussi les polémiques.

Né en mars 1955 à Campinas, près de Sao Paulo, dans une famille d'origine italienne, Jair Bolsonaro a eu une carrière militaire émaillée d'épisodes d'insubordination, avant d'être élu député pour la première fois en 1991.

Ayant frôlé la mort en 2018 après un attentat au couteau en pleine campagne électorale, il continue de souffrir de problèmes intestinaux qui l'ont plusieurs fois conduit d'urgence à l'hôpital.

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