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Accusations de "menteur", de "voleur", questions sur "l'équilibre mental": Sergio Massa et Javier Milei, les deux candidats à la présidence argentine, ont échangé des coups sans retenue dimanche lors du débat à une semaine d'un second tour extrêmement indécis.
Milei, l'économiste ultralibéral arrivé deuxième au premier tour avec 29,98% des voix, a insisté sur "l'échec", la "décadence", "l'appauvrissement" sous le gouvernement du centriste Massa (36,68% au premier tour), ministre d'une économie à 138% d'inflation et 40% de pauvreté. Et il a fustigé une "campagne de peur" menée à son encontre.
"Votez sans peur, car la peur paralyse, et si vous vous paralysez cela bénéficie au statu quo, celui qui nous appauvrit", a lancé Milei, en appelant les nombreux électeurs indécis à bouter "cette caste politique voleuse, corrompue, parasite", celui selon lui du camp Massa, qui "vient de passer 16 ans au pouvoir" sur les 20 dernières années.
Massa, pour sa part, a tenté de mettre en difficulté Milei sur certaines de ses propositions radicales de réduction de la dépense publique dont les subventions aux transports, à l'université, de privatisations, de dollarisation de l'économie, le sommant de répondre par "oui" ou "non" à une batterie de questions. Mode de réponse rejeté par son rival, qu'il a du coup accusé de mentir par rapport à son programme.
"Pinocchio !", a lancé le challenger ultralibéral, à quoi le ministre l'a traité de "comédien", en référence à la notoriété de panéliste TV de Milei avant de se lancer en politique.
Il a aussi attaqué la personnalité de Milei, lui reprochant d'être "agressif", et d'avoir refusé un test psychotechnique qu'il suggérait pour les deux candidats. "Les Argentins doivent élire quelqu'un qui a les capacités, le calme, le lien avec la réalité et l'équilibre mental", a lancé Massa. "Ah parce que toi tu l'as ?", a répliqué Milei.
Les affaires étrangères ont aussi été un vif terrain de joute. Massa a accusé son rival de "menacer l'emploi de deux millions d'Argentins" en s'éloignant du Brésil et de la Chine, les deux premiers partenaires du pays, pour lesquels Milei a eu ces derniers mois des mots très durs, évoquant une rupture de relations.
"Nous n'aurons pas de relations avec ceux qui ne respectent pas la liberté individuelle et la paix. Je ne veux rien savoir d'eux", a insisté Milei, tout en affirmant que cela n'empêchait le négoce privé avec ces pays, ou d'autres à leur place.
Les sondages depuis le premier tour prédisent un scrutin serré le 19 novembre: léger avantage à Milei pour certains, à Massa pour d'autres, mais un écart si faible (entre 1,5% et 4%) qu'il interdit pour l'heure un pronostic.