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Quand votre caméra vous espionne : des milliers d’images intimes volées vendues en Corée du Sud

Par RTL info
Des pirates informatiques sud-coréens ont infiltré des dizaines de milliers de caméras connectées pour revendre des images à caractère sexuel, y compris impliquant des enfants, sur des plateformes étrangères, révèle la BBC.

La Corée du Sud est une nouvelle fois confrontée à une affaire de cybercriminalité sexuelle d’une ampleur inquiétante. Quatre individus ont été interpellés pour avoir piraté des caméras IP connectées à Internet dans des lieux privés comme des appartements, des magasins de vêtements, des studios de Pilates, des bars karaoké et même un cabinet de gynécologie. Les images volées ont ensuite été revendues à des sites pornographiques hébergés en Chine.

Ces caméras, souvent peu coûteuses et reliées à des applications mobiles via le wifi, sont connues pour leurs failles de sécurité. De nombreux utilisateurs laissent les mots de passe d’origine, comme « 1234 », facilitant grandement le piratage.

Des dizaines de milliers de caméras compromises

Selon les enquêteurs, les quatre suspects agissaient séparément. L’un d’eux aurait piraté à lui seul plus de 63.000 caméras, produisant 545 vidéos à caractère sexuel et générant près de 35 millions de wons (environ 23.700 euros) en cryptomonnaies. Un autre aurait infiltré environ 70.000 dispositifs, tirant 18 millions de wons (environ 12.200 euros) de ses activités. Ces vidéos représentaient, d’après plusieurs médias, la majeure partie du contenu diffusé sur la plateforme étrangère ciblée.

Deux autres suspects n’auraient pas commercialisé les images, mais les auraient conservées pour leur usage personnel. L’un est notamment poursuivi pour production de matériel pédopornographique.

58 victimes identifiées

Jusqu’à présent, seules 58 victimes ont pu être identifiées et contactées. Elles bénéficient d’un accompagnement psychologique et ont été invitées à modifier leurs mots de passe immédiatement. La police sud-coréenne collabore actuellement avec les autorités chinoises afin de faire fermer la plateforme sur laquelle les vidéos ont été diffusées.

« Ce type de crime cause des dégâts considérables », a déclaré Park Woo-hyun, porte-parole de la police nationale. « Nous poursuivrons activement nos enquêtes pour les éradiquer. »

Une « épidémie » de crimes sexuels numériques

Cette affaire s’inscrit dans un contexte préoccupant en Corée du Sud, où les crimes sexuels numériques sont en forte hausse. Les femmes sont régulièrement victimes de captations d’images sans leur consentement, via des caméras cachées dans les lieux publics ou dans des objets du quotidien. Certaines sont ensuite soumises à du chantage, victimes de « revenge porn », ou encore ciblées par des deepfakes à caractère sexuel.

Des ONG comme Human Rights Watch alertent depuis plusieurs années sur l’ampleur du phénomène. Dans un cas emblématique, une femme avait découvert qu’une montre offerte par son patron marié cachait une caméra lui permettant d’être filmée en permanence.

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