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Un plan fixe de plusieurs minutes sur... le déchargement des bagages de l'avion de Donald Trump: le voyage lundi, de la Floride à New York, de l'ancien président américain s'est fait dans une frénésie médiatique que le principal intéressé a certainement savourée.
Pendant que les caméras sont braquées sur le Boeing 757 à l'arrêt sur une piste de l'aéroport new-yorkais de LaGuardia, filmant la moindre manoeuvre en attendant que le milliardaire ne débarque, une commentatrice de CNN souffle que tout cela est tout de même "surréaliste".
Elle rappelle que Donald Trump, qui va comparaître mardi dans une affaire de fraude liée à un versement d'argent à une star du porno, a certainement allumé la télévision dans l'avion.
Et voilà que Donald Trump, premier président américain inculpé au pénal, regarde à nouveau l'Amérique en train de le regarder.
- Téléréalité -
La journée de lundi a rappelé à quel point, pendant sa première campagne puis sa présidence, le républicain s'est nourri de la fascination médiatique autant que les journalistes se sont gorgés de ses propos les plus outranciers et de ses mises en scène les plus improbables.
A commencer par cette déclaration de candidature de juin 2015 précédée d'une lente descente d'escalator, dans le marbre et les reflets dorés de la Trump Tower, à Manhattan, où l'ancien président va passer la nuit de lundi à mardi.
L'entourage de l'ancien homme d'affaires n'a pas manqué de souligner que Donald Trump, ancienne vedette d'un show de téléréalité, était revenu sur le devant de la scène.
Eric Trump, son fils, a tweeté une photo prise dans l'avion, montrant ... le même avion, filmé en direct par Fox News avant qu'il ne quitte la Floride, où Donald Trump réside désormais.
Jason Miller, un conseiller du républicain, déjà en campagne pour la présidentielle de 2024, s'est fait un plaisir de partager des captures d'écran montrant toutes les grandes chaînes de télévision américaines, diffusant simultanément et en direct le périple de son patron.
- 24 heures -
La chaîne CNN, en plus d'une vue aérienne, a même diffusé des images de l'arrivée de l'avion à New York filmées depuis un bateau.
Pour le trajet entre la luxueuse résidence de Mar a Lago et l'aéroport de Palm Beach en Floride, les médias américains ont évidemment mobilisé les hélicoptères, pour suivre le convoi depuis les airs - de quoi rappeler la plus célèbre séquence du genre, la poursuite en 1994 par la police, en direct, de la star de football américain O.J. Simpson, accusée de double meurtre.
Les journalistes ont commencé à faire la queue près de vingt-quatre heures à l'avance autour du tribunal de New York où Donald Trump devra, mardi à partir de 14H15 (18H15 GMT), prendre connaissance des poursuites pénales contre lui.
Il lui faudra aussi décliner son nom, âge, profession, se soumettre à un relevé d'empreintes digitales - et être pris en photo.
Certaines rédactions - soucieuses de préserver leurs vedettes avant une autre journée marathon mardi - ont eu recours à des professionnels de l'attente, qui, moyennant rémunération, vont affronter la fraîcheur de la nuit new-yorkaise et garder la place tant convoitée.
Il y a fort à parier que le spectacle réjouisse l'ancien président, même s'il se déroule dans une circonstance a priori peu favorable.
En 1987, il avait écrit, dans son livre à succès "L'art de la négociation": "Ce qui est très amusant, c'est que même un article critique, blessant, peut être très profitable pour vos affaires." Ou, pour le dire plus simplement: pour Donald Trump, il n'y a pas de mauvaise publicité.