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Sa traque avait fait réagir jusqu'au Royaume-Uni, au Canada et aux Etats-Unis: après un mois de cavale, le prédicateur séparatiste sikh Amritpal Singh a été arrêté dimanche dans l'Etat du Pendjab, au nord-ouest de l'Inde.
Les autorités étaient à sa poursuite depuis que ce dirigeant sikh de 30 ans et ses partisans, armés d'épées, de couteaux et d'armes à feu, avaient pris d'assaut en février un poste de police après l'arrestation d'un des assistants de M. Singh pour agression et tentative d'enlèvement présumé.
L'attaque en plein jour dans la banlieue d'Amritsar, ville du Pendjab qui abrite le plus sacré des temples sikhs, le Temple d'Or, avait fait plusieurs blessés parmi les policiers.
A l'issue d'une longue cavale qui a mobilisé des milliers de policiers pedant plusieurs semaines, M. Singh a été interpellé dans un temple dimanche à 06H45 locales (01H15 GMT) dans un village du Pendjab.
"Une fois qu'il a compris qu'il n'avait pas d'échappatoire et qu'il était encerclé, il a été arrêté", a déclaré à la presse Sukhchain Singh Gill, responsable de la police locale.
Amritpal Singh s'est fait connaître ces derniers mois en prêchant un sikhisme radical allant jusqu'à exiger la création d'un Etat sikh appelé Khalistan pour faire sécession de l'Inde, pays à majorité hindoue.
Son idole: Jarnail Singh Bhindranwale, dirigeant radical et symbole du mouvement du Khalistan, tué en 1984 après l'assaut de l'armée indienne contre des séparatistes au Temple d'Or, qui avait fait au moins 400 morts.
L'ex-fugitif arbore un turban bleu similaire à celui que portait Bhindranwale et aurait même subi l'année dernière une opération chirurgicale en Géorgie pour ressembler encore plus à son héros.
- Fuite spectaculaire -
Après l'attaque du poste de police près Amristar, les autorités avaient déployé d'importants moyens pour tenter d'arrêter le prédicateur, qui leur avait notamment échappé lors d'une spectaculaire fuite à moto.
Pendant la traque, plus d'une centaine de ses partisans ont été arrêtés et les autorités étaient allées jusqu'à couper l'accès à l'internet mobile dans l'ensemble du Pendjab, qui compte 30 millions d'habitants dont 58% de sikhs.
Cela n'a pas empêché le prédicateur de narguer les autorités dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux fin mars, où il qualifiait l'opération de police d'"attaque contre la communauté sikh"."Je n'ai jamais eu peur d'être arrêté et je ne le suis pas aujourd'hui", avait-il lancé.
Cette vidéo avait été publiée par des comptes Twitter basés en Grande-Bretagne et au Canada et avait été, selon des articles de presse, retirée en Inde à la demande du gouvernement.
Le réseau social aurait également bloqué l'accès des utilisateurs indiens aux comptes de figures de la communauté sikh au Canada qui avaient critiqué la traque lancée par les autorités.
- Colère à l'étranger -
Cette chasse à l'homme avait également poussé des sympathisants du prédicateur à manifester devant les consulats indiens au Royaume-Uni, au Canada et aux Etats-Unis, des mobilisations parfois émaillées d'actes de vandalisme.
A San Francisco, des manifestants ont brisé des vitres; à Londres, un drapeau indien a été arraché de l'ambassade, et dans la province canadienne de l'Ontario, une statue de Gandhi a été saccagée.
L'Inde a convoqué les représentants diplomatiques américain, britannique et canadien à New Delhi pour protester et demander que la sécurité des missions indiennes soit assurée dans ces pays.
L'Inde s'est souvent plainte de l'activité de la diaspora sikh à l'étranger, susceptible selon New Delhi de relancer le mouvement séparatiste grâce à une aide financière massive.
"Certaines personnes ont tenté de nuire à la paix et à la fraternité au Pendjab, pour le compte d'ennemis du pays", a réagi après l'arrestation le ministre en chef de l'Etat, Bhagwant Mann, dans une vidéo diffusée dimanche.
"Je veux que la jeunesse du Pendjab obtienne les meilleurs diplômes et remportent des médailles dans des évènements nationaux et internationaux plutôt que de se mettre au service de quelques éléments égoïstes et anti-nationaux", a-t-il ajouté."
L'Etat du Pendjab a connu de violents mouvements séparatistes en faveur du Khalistan dans les années 1980 et au début des années 1990, qui ont fait des milliers de morts.