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Elisa a découvert que sa voiture avait été volée le 21 mars devant son domicile à Kain (Tournai). Grâce à une application, elle a pu la géolocaliser, mais elle n'est pas parvenue à la récupérer. La police fédérale et Assuralia s'expriment sur différents cas de figure possibles.
Fin mars, Elisa découvre que son véhicule a été volé devant son domicile à Kain (Tournai). La voiture a été géolocalisée en France, mais n'a pas encore pu être rapatriée. La Kainoise, peut-elle encore espérer la revoir un jour ?
"Le 21 mars dernier, j’ai cru que mon mari avait déplacé la voiture, mais il m’a assuré l’avoir garée devant la maison. Quand j’ai réalisé qu’elle n’était plus là, j’ai immédiatement contacté la police locale", raconte-t-elle.
Les agents de police se sont rendu sur place "une demi-heure plus tard". Une plainte est déposée, les premières démarches ont été déclenchées. Le même jour, Elisa prévient l'assurance, le garage, et le service de leasing.
Elle pense ensuite à consulter l'application "My Toyota". L’infirmière, qui y avait rarement recours, lit l'historique de géolocalisation. "C’est là que j’ai compris qu’elle avait été volée à 4h28. Ce sont des pros, car à 5h33, elle était déjà à Roubaix. Je voyais le trajet, c'est perturbant", indique-t-elle.
Le véhicule d'Elisa semble ensuite avoir été déplacé dans plusieurs villes : Hem, Villeneuve-d’Ascq, puis Montauban notamment. "Tous les deux ou trois jours, elle bougeait."
La mère de famille fait des captures d’écran de son application et les envoie à son assurance. "Je les fais parvenir à l’inspecteur de l’assurance. C’est le seul avec qui j’ai encore un contact."
Ce qui interpelle le plus Elisa, ce n’est pas uniquement le vol, mais surtout l’absence de suivi. "À la police de Roubaix, on m’a rembarrée. La police fédérale m’a renvoyée vers la police locale, qui m’a dit ne plus avoir de nouvelles des autorités françaises."
Et de conclure : "Aujourd’hui, je ne suis même plus sûre de vouloir la retrouver. Je n’ai pas envie de la revoir dans un état lamentable en tout cas."
N'intervenez jamais vous-même
Que faire concrètement quand un véhicule volé se retrouve à l’étranger ? Nous avons posé la question à la police fédérale, et voici ses conseils.
"Si votre véhicule a été volé en Belgique, et que vous pensez qu’il se trouve en France, contactez toujours la police locale auprès de laquelle vous avez signalé le vol. Si vous connaissez l’endroit où se trouve le véhicule, vous pouvez également informer la zone de police française concernée. N'intervenez jamais vous-même", indiquent les forces de l'ordre.
"Laissez les services de police gérer la situation. Ils prendront toutes les mesures nécessaires en toute sécurité. Vous pouvez également contacter une zone de police locale à ce sujet. Par exemple, une zone plus proche de la frontière qui peut déjà avoir de l'expérience en la matière. Le vol de voiture est généralement une affaire traitée par la police locale."
De son côté, Nevert Degirmenci, la porte-parole d’Assuralia, souligne que le vol de véhicules a connu une baisse considérable en Belgique. Depuis 2015, les chiffres ont fortement diminué. Un recul attribué à plusieurs facteurs, dont l’amélioration constante des dispositifs de sécurité. "Les véhicules récents sont bien plus complexes à voler", souligne Nevert Degirmenci.
Lorsqu’un véhicule volé en Belgique réapparaît à l’étranger, par exemple en France, le premier réflexe doit être de porter plainte auprès de la police locale. "Il faut qu’un procès-verbal soit dressé", indique la porte-parole. Ensuite, le propriétaire doit introduire une déclaration de sinistre auprès de son assureur.
Il faut disposer d’une couverture adéquate : seule l’assurance Omnium (que ce soit la "petite" ou la "grande") prend en charge le vol. La formule de base, appelée RC (responsabilité civile), ne couvre que les dommages causés à autrui et ne prévoit aucune indemnisation pour le vol du véhicule.
L’indemnisation
Le délai de 30 jours est important dans le traitement d’un vol. Si le véhicule n’est pas retrouvé après ce délai, l’assureur peut verser une indemnité équivalente à la valeur du véhicule (déduction faite de sa vétusté).
Si la voiture réapparaît après ce délai, la situation peut être revue. "Certains contrats stipulent que si le véhicule est retrouvé dans un bon état, l’assuré peut le récupérer, à condition de restituer l’indemnité reçue", explique Nevert Degirmenci.
D’autres contrats, en revanche, prévoient un transfert de propriété automatique au profit de l’assureur après 30 jours. La récupération du véhicule dépendra alors d’un nouvel accord avec la compagnie d'assurance.
Et si le véhicule est endommagé ?
Un véhicule retrouvé endommagé à la suite d’un vol ou d’une tentative de vol peut faire l’objet d’une indemnisation complémentaire. Les dégâts liés au vol sont généralement couverts par les assurances Omnium, mais ici aussi, chaque situation doit être analysée au cas par cas.
La géolocalisation peut être une piste pour essayer de retrouver le véhicule
Le volet "assistance et rapatriement" du contrat d’assurance peut également entrer en jeu si le véhicule est localisé à l’étranger.
Toutefois, le montant pris en charge dépendra des clauses : "Il faut regarder les plafonds, l’état du véhicule, la distance, et voir ce que prévoit exactement le contrat", précise la porte-parole. "La géolocalisation peut être une piste pour essayer de retrouver le véhicule. Que ça soit pour le propriétaire et pour l’assureur. D’essayer de savoir où il se trouve pour savoir si on peut aller le récupérer soit même, s’il faut que l’assureur libère un montant compris dans le volet assistance. À discuter avec son assureur."
Enquête judiciaire
Dans certains cas, le véhicule peut être retenu dans le cadre d’une enquête judiciaire. Il devient alors un "moyen de preuves" et son retour à l’assuré peut prendre du temps. "Cela sort du cadre strict de l’assurance", reconnaît Nevert Degirmenci. Si l’immobilisation se prolonge indûment, il est possible de discuter avec l’assureur d’une éventuelle indemnisation pour perte totale, selon l’état du véhicule. "Mais, si ça dure trop longtemps, on peut voir avec son assureur si le véhicule est en état ou non. Si on peut le déclarer en sinistre total, pour récupérer son indemnité."
Vers l’an 2000, il y avait 40.000 vols de voitures par an
Comment le vol de voitures a-t-il évolué ces dernières années en Belgique ? Le service d'études de la police fédérale a permis de rassembler des statistiques détaillées sur son site internet.
Vers l’an 2000, il y avait 40.000 vols de voitures par an. En 2004, ces chiffres avaient déjà diminué de moitié et en 2015, ils avaient chuté d'un quart (par rapport à 2000) pour atteindre un peu plus de 10.000 infractions. Cette tendance à la baisse s'est poursuivie jusqu'en 2021.
"Une légère augmentation peut être constatée en 2022 et 2023, mais il faut tenir compte du fait que 2020 et 2021 étaient des années atypiques en raison de la crise du Corona. Les faibles chiffres de 2020 et 2021 sont également liés aux mesures Corona et doivent être interprétés en conséquence", souligne la police fédérale.
"En raison de la fermeture de certaines entreprises, de certains métiers et de certains magasins et du travail à domicile obligatoire, les gens sont restés à la maison plus longtemps que d'habitude. Les frontières terrestres temporairement fermées et les contrôles aux frontières qui les accompagnent, l'interdiction de circuler, le couvre-feu du soir et de la nuit ont également joué un rôle. Toutes ces mesures, prises dans le cadre de COVID-19, semblent avoir eu un impact positif sur les chiffres."
En 2022, la vie quotidienne a repris son "cours normal". "Cela se traduit également dans les statistiques de la criminalité avec de légères augmentations de certains vols (comme les vols de voitures) par rapport à l'année précédente", précise les forces de l'ordre.
En comparant les chiffres de 2023 (5.727 faits de vols de voitures) à ceux de 2019 (6.877 faits), on constate tout de même une diminution de -1.150 faits (soit -16,7%).
