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Un homme condamné pour "crime d'honneur" sur sa femme: le corps de la victime n'a jamais été retrouvé

La cour d'assises de Bruxelles a condamné, vendredi après-midi, Kewal Singh à 25 ans de prison. Cet homme d'une cinquantaine d'années a été reconnu coupable de l'assassinat de son épouse, Jugvinder Kaur, qualifié de crime d'honneur par la cour. La victime, âgée de 36 ans, qui venait de se séparer de son époux, a disparu en août 2012. Son corps n'a jamais été retrouvé.

Impossible de faire leur deuil, car le corps a été caché

Les jurés et les magistrats de la cour ont retenu plusieurs circonstances atténuantes à Kewal Singh: l'absence d'antécédents judiciaires, son âge et son état de santé. Ils ont ensuite souligné la gravité extrême des faits. "C'est une atteinte intolérable au respect de la vie humaine. Les répercussions sur l'ensemble des membres de la partie civile sont énormes. Certains ont perdu une fille, d'autres une sœur, et il leur est impossible de faire leur deuil, car le corps a été caché", expose l'arrêt. "Kewal Singh n'a fait preuve d'aucun amendement et est resté dans le déni total. Il n'a pas opéré la moindre remise en question et n'a formulé à aucune occasion le moindre mot à l'égard de son épouse", établissent les juges.

Enfin, ils ont insisté sur le "caractère inadmissible" du crime d'honneur. "Il n'a aucune place dans notre société, d'autant plus que Kewal Singh vit en Belgique depuis de nombreuses années et a la nationalité belge", soulignent jurés et magistrats.

La victime a fui le domicile conjugal et les traditions religieuses

Jugvinder Kaur a été signalée disparue le 4 septembre 2012 par l'une de ses amies. Six mois plus tôt, elle avait quitté son mari, Kewal Singh, en fuyant le domicile conjugal à Schaerbeek, avec leur fils âgé d'un an. Elle s'était installée seule dans un appartement à Evere et avait débuté une vie hors des traditions de la religion sikhe auxquelles elle s'était pliée jusqu'alors.

Les mois suivants, elle avait déposé plusieurs plaintes contre son mari et l'entourage de celui-ci pour menaces, harcèlement et tentatives d'intimidation. Jugvinder Kaur avait donné signe de vie pour la dernière fois le 26 août 2012. L'enquête n'a jamais permis de retrouver son cadavre.

Kewal Singh avait déclaré qu'il s'était rendu chez elle ce jour-là vers 10h00 pour aller chercher leur fils, mais qu'il n'y avait personne lorsqu'il était venu le reconduire le soir.

L'un de ses employés, Parminder Singh Kakania, avait donné une autre version. Selon lui, le matin du 26 août, Jugvinder était revenue en voiture avec Kewal Singh jusqu'à chez lui, place Liedts à Schaerbeek. Il avait ajouté que ce même jour Kewal Singh lui avait ordonné de prendre le Thalys à la gare de Bruxelles-Midi jusqu'à Paris pour aller abandonner le GSM de son épouse là-bas, ce qu'il a fait.

Les jurés sont parvenus à la conclusion que Jugvinder Kaur ne pouvait qu'être décédée, et ont écarté la thèse du suicide et celle d'un départ volontaire de la jeune femme. Ils ont considéré que la seule hypothèse crédible était que Jugvinder Kaur a été victime d'un homicide volontaire dont le commanditaire est son mari, Kewal Singh, et que ce dernier avait envoyé deux hommes de main dans la région de Ghislenghien pour faire disparaître le corps.

Le motif du crime résidait, selon les jurés, dans le fait que Kewal Singh considérait comme un déshonneur la décision de sa femme de le quitter et de vivre seule hors des traditions de la religion sikhe.

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