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Des familles d'accueil n'en peuvent plus d'héberger des Ukrainiens: "J'avais pourtant précisé que mon aide était limitée dans le temps"

La guerre en Ukraine ne se termine pas, et pour certains belges, accueillir des Ukrainiens depuis plusieurs mois devient compliqué. Dans certains cas, la tension monte entre eux. Ces hébergeurs se sentent donc livrés à eux-même dans cette tâche généreuse.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, 40.000 Ukrainiens sont arrivés en Belgique. Ils sont souvent pris en charge par des familles belges, et entre les accueillants et les accueillis, parfois, la tension monte.

C'est le cas de Charlotte qui accueille un homme âgé, dans la province de Namur. Aujourd'hui, Charlotte souhaite que le réfugié contribue à son loyer à hauteur de 120€ : "Il touche 729€ (des autorités, ndlr) parce qu'il est considéré comme cohabitant. Moi je demande juste 30€ par semaine pour qu'il puisse participer mais forcément ça nous coûte beaucoup plus cher" nous dit-elle. Selon elle, cet Ukrainien voit son hôte comme "un hôtel 5 étoiles" : "Il se lève, la table est mise, il déjeune, et il rentre dans sa chambre. Je l'appelle pour dîner et je dois le servir en dernier parce que sinon il mange tout de suite et puis il s'en va et remonte dans sa chambre et revient pour le souper" témoigne Charlotte.

Aujourd'hui, l'hôte souhaiterait libérer cette chambre, et cherche activement un autre logement pour l'Ukrainien qu'elle héberge, mais elle ne se sent pas aidée par les autorités. "C'est 'débrouille-toi', j'avais pourtant précisé que mon aide était limité dans le temps. J'ai remis ce monsieur sur les rails pour tous ses papiers. J'ai dit que je voulais récupérer la chambre, on m'a dit 'alors vous pouvez le reconduire au centre d'accueil de Tabora" déplore-t-elle.

Pour l'interprète et juriste ukrainienne, Anastasia Koka "il faut se souvenir que les Ukrainiens sont des européens, et les problèmes de ce genre peuvent être liés, tout simplement, à l'éducation de la personne" explique-t-elle, "imaginez, dans les familles parfois la cohabitation ne se passe pas facilement, et ici on a affaire à des gens qui ont été forcés à fuir leurs maisons".

Les aides prévues pour les hébergeurs sont elles suffisantes ?

Selon le ministre wallon des pouvoirs locaux, Christophe Collignon (PS), "il est radicalement impossible de créer des milliers de places d'accueil en claquant des doigts. D'autant plus, que nous avons dû gérer, en Wallonie, les inondations et reloger des milliers de personnes". C'est la raison pour laquelle le pouvoir wallon a choisi de demander à la population d'accueillir des Ukrainiens chez eux : "On a fait des contrats type, notamment, qui permettent à l'hébergeur de recevoir 20% du revenu de l'hébergé". Le ministre a également annoncé une deuxième phase dans cette stratégie : "Nous travaillons sur la mobilisation d'hébergements collectifs"

Le secrétaire d'état à l'asile, Sammy Mahdi (CD&V), estime que la Wallonie et Bruxelles ne font pas assez pour créer des places en dehors des familles. Pour la députée européenne Assita Kanko (NVA), la stratégie flamande était bien différente : "En Flandre l'accent a été tout de suite mis sur l'accueil collectif et organisé par le pouvoir public. Il y a suffisamment de place, ça se passe vraiment bien (…) C'est vrai que la solidarité citoyenne c'est bien, mais il faut que le gouvernement prenne le relais". En effet, un village d'accueil a été construit en Flandre, bien que certains Flamands hébergent des Ukrainiens aussi.

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