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Harcèlement au sein de la police belge: "Il est arrivé par derrière et m'a étranglée"

Un quart des policières affirment avoir été victimes de harcèlement sexuel. Un agent sur 5 se dit victime de discrimination. La plupart du temps, de la part de la hiérarchie. Le syndicat CSC dénonce l'absence de réponse des responsables de la police fédérale.

Ce sont des témoignages très forts que nous vous proposons ce mardi: ceux de policiers discriminés et harcelés. 1 policier sur 5 affirme avoir été victime de discrimination, et 1 policière sur 4 victime de harcèlement sexuel. Ces chiffres viennent d'une étude sur le bien être dans la police.

La plupart du temps, c'est la hiérarchie qui est en cause.

Eric, isolé après une contestation

"Je préfère cent fois avoir vécu ce que j'ai vécu sur le terrain que de vivre ce que je suis en train de vivre aujourd'hui", nous a confié Eric, un policier qui, en 2015, a contesté une sanction disciplinaire en déposant plainte à l'inspection générale.

"On me fait comprendre que je m'attaque à des hauts-gradés". C'est le début d'un calvaire. "On fait tout pour m'isoler". Pire: alors qu'Eric est apte à porter une arme, il estime qu'un de ses supérieurs a mis sa vie en danger peu après les attentats. "Je dois revêtir mon uniforme et me présenter au corps de garde, à l'extérieur de la caserne. Et donc y prester du travail opérationnel: contrôle de personnes et de véhicules, mais sans mon arme de service". Eric refuse de le faire.

"Et j'ai bien eu raison car j'ai des collègues qui me disent que je ne serais plus là aujourd'hui si j'avais accepté la mission sans arme. Cette mission a été ordonnée, comme par hasard, suite à mes plaintes au pénal".

Par deux fois, Eric a gagné contre le Conseil d'Etat. Mais il a tout de même pensé quitter la police. Aujourd'hui, il est reconnu comme victime de harcèlement.

Marie, harcelée sexuellement

L'autre témoignage que nous avons recueilli concerne Marie. Elle travaille pour une zone de police locale. Après 20 ans de carrière, elle a été harcelée sexuellement par l'un de ses collègues. L'impensable dans un commissariat, se dit-elle. Impensable aussi de devoir se battre seule.

"Je suis arrivée dans le service. Il est venu vers moi pour m'embrasser, alors que je le connaissais à peine. Je l'ai repoussé". Marie n'était pas la seule à faire face aux agissements du collègue. "Le soir, (mes collègues) n'étaient pas très rassurées quand elles devaient travailler avec lui. Une d'elles disait que si elle devait faire la nuit avec lui, elle se mettrait malade".

Le harcèlement sexuel va ensuite se transformer en violence. "Il m'a agressée physiquement. Il est arrivé par derrière et m'a étranglée". Le chef de corps, selon Marie, était au courant mais n'a rien fait.

"Cela faisait entre 15 et 18 ans qu'il agissait de la sorte dans la zone. Il a été déplacé de plusieurs services suite à plein de problèmes". Elle en veut à tous les chefs qui n'ont pas réagi, selon elle. "S'ils avaient pris leurs responsabilités, on n'en serait pas arrivé là".

Aujourd'hui, le collègue en question a été écarté. Marie, elle, tente de se reconstruire. "Malheureusement, quand ça vous arrive, c'est d'une violence extrême, ça vous déconstruit intérieurement. Les responsables, pour moi, c'est la zone qui n'a rien fait", conclut-elle.

Un préavis de grève

Le syndicat chrétien (CSC) dénonce l'absence de réponse des responsables de la police fédérale face aux chiffres évoqués ci-dessus. Il a déposé un préavis de grève qui court à partir de lundi prochain. Il le négocie ce mardi avec la direction.

Une action aura lieu en parallèle ce matin à 9h devant les locaux de la police fédérale à Bruxelles.

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