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Prince héritier à trois ans, roi à 73 ans et enfin couronné à 74 ans : le sacre le 6 mai de Charles III à Londres consacre un vieux roi mal aimé, qui a passé sa vie à attendre sa destinée, avec de multiples passions souvent occultées par les aléas de sa vie privée.
Né le 14 novembre 1948, il a trois ans quand sa mère devient reine à la mort du roi George VI.
En tant que fils aîné, Charles devient prince héritier.
Il a quatre ans quand il assiste au couronnement de sa mère Elizabeth II, s’ennuyant ferme entre sa tante Margaret et sa grand-mère la reine mère.
A neuf ans, sa mère le nomme Prince de Galles.
Très jeune, cet enfant sensible et gauche est envoyé en pension.
Il y souffre en silence, souvent malmené par d’autres élèves, notamment au pensionnat de Gordonstoun en Écosse, choisi par son père le Prince Philip pour endurcir ce fils timoré qu’il ne comprend pas.
Elizabeth II, devant laquelle il a appris très jeune à faire la révérence, est trop occupée par ses fonctions.
"Elle était plus distante qu’indifférente", dira Charles d’une mère qui au retour d’un voyage officiel de six mois, alors qu’il a cinq ans, lui serre la main.
A vingt ans, il est intronisé Prince de Galles lors d’une cérémonie télévisée grandiose.
Il fait des études à Cambridge, y étudie l’anthropologie, l’archéologie et l’histoire, et dès 1970 s’inquiète de la pollution et des déchets plastiques, dans un discours précurseur de son intérêt constant pour l’avenir de la planète.
- Diana et Camilla -
Durant cette période, il rencontre Camilla Shand à un match de polo. Issue de la grande bourgeoisie proche des cercles royaux, elle est décontractée, drôle, aime comme lui la nature.
Une idylle s’ensuit, que l’engagement du prince dans la Royal Navy viendra briser quelques mois plus tard.
Camilla épouse une autre relation, l’officier Andrew Parker Bowles en 1973.
Charles épouse sans amour Diana Spencer en 1981. Elle a vingt ans, il en a 32.
Après la naissance de William, l'héritier, en 1982, et Harry, le suppléant, en 1984, son devoir accompli, Charles retrouve les bras de Camilla, qui divorce en 1995.
Après des années d’une guerre impitoyable dont les tabloïds britanniques se régalent, Charles et Diana divorcent en 1996.
Un an plus tard, Diana meurt dans un accident de voiture à Paris.
La côte de popularité de Charles tombe au plus bas.
Prince héritier, dont le rôle vague est de soutenir la Couronne, il se crée une vie.
Il se passionne pour l’environnement, le développement durable, les médecines douces, la ruralité, les religions.
Il y gagne le surnom de prince activiste, et certains s’inquiètent d’un futur roi qui ne respecterait pas la stricte neutralité politique attendue du souverain.
Pendant des années, les crises médiatisées de sa vie privée éclipsent les actions de cet homme richissime à la voix feutrée, toujours impeccablement habillé.
En 2005, il se remarie avec Camilla, dans une cérémonie civile à la mairie de Windsor. La reine n’y vient pas, mais organise une réception pour les mariés.
Charles III, qui la remplaçait de plus en plus ces dernières années, a voyagé dans près de cent pays, rencontré beaucoup des grands de ce monde, serré des millions de mains.
Ses fils ont raconté un père travaillant énormément, s’endormant parfois le soir sur son bureau.
Sûr de lui, il n’aime guère être contredit. Il s’emporte vite, parfois contre un simple stylo qui fuit.
Impatient, "il veut que les choses soient faites d'ici hier" a dit de lui Camilla, désormais reine consort.
Mais elle a aussi raconté un grand-père qui lit Harry Potter à ses petits-enfants, en imitant les voix des personnages.
"C'est un homme chaleureux, très bon avec les gens", dit l'ancien ambassadeur britannique en France Peter Ricketts.
Comme sa mère décédée en septembre, il a promis de servir toute sa vie.
Depuis, Charles III navigue prudemment entre tradition et modernisation d'une monarchie vivement critiquée ces derniers mois par son fils Harry, qui viendra cependant au couronnement, mais sans sa femme Meghan.
Le roi reste moins populaire que sa mère ou que son fils William et suscite peu d'enthousiasme chez les jeunes, selon les sondages.
"C'est difficile d'inspirer quand vous avez plus de 70 ans et que vous avez été là depuis si longtemps, avec des hauts et des bas", estime le commentateur royal Richard Fitzwilliams.