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Harvey Weinstein a une nouvelle fois été reconnu coupable d’agression sexuelle, ce mercredi 11 juin, au terme d’un procès au verdict partiellement partagé à New York. Le jury populaire de la cour pénale de Manhattan l’a déclaré coupable d’avoir agressé sexuellement Miriam Haley, une ancienne assistante de production, en 2006. L’ancien producteur de 73 ans aurait forcé la jeune femme à subir un cunnilingus dans son appartement.
En revanche, il a été acquitté d’une autre accusation similaire portée par la mannequin polonaise Kaja Sokola, qui avait 19 ans au moment des faits présumés, également en 2006. Le jury a livré ce verdict partiel au cinquième jour de délibérations, dans un climat particulièrement tendu. Un juré a confié au juge s’être senti menacé par l’un de ses pairs, qui lui aurait lancé : « Un jour, je te retrouverai à l’extérieur ». Le juge Curtis Farber a alors suspendu les délibérations pour calmer les esprits, tout en annonçant leur reprise ce jeudi pour trancher une troisième accusation, un viol présumé de l’actrice Jessica Mann en 2013.
Présente devant le tribunal, la productrice Miriam Haley a salué la décision du jury : « Je suis très reconnaissante envers les jurés », a-t-elle déclaré. Elle a aussi adressé un message fort : « Aux prédateurs qui croient encore qu’ils peuvent profiter des victimes et s’en sortir indemnes : votre temps est compté. Le monde change et vous ne pourrez pas échapper éternellement aux conséquences de vos actes ». L’organisation Equality Now a également salué ce jugement, y voyant un signal adressé aux victimes : « Ce verdict montre que la justice est possible et que les hommes puissants peuvent être tenus responsables ».
Malgré le verdict, Harvey Weinstein est resté impassible dans le box des accusés. À la sortie de la salle d’audience, il aurait murmuré : « Ce n’est pas vrai ».
Une peine supplémentaire possible
Déjà condamné à 16 ans de prison en Californie pour un viol commis en 2013, Harvey Weinstein risque jusqu’à 25 ans supplémentaires pour cette nouvelle condamnation. Le juge Farber fixera la peine dans les semaines à venir.
Durant le procès, les trois accusatrices ont décrit un même mode opératoire : des rendez-vous dans un appartement ou une chambre d’hôtel à New York, suivis d’un passage à l’acte imposé. La défense a tenté de discréditer leurs récits en pointant le fait que les femmes avaient continué à fréquenter Weinstein après les faits allégués.
Un procès sous tension
Miriam Haley a reconnu la difficulté de témoigner à la barre : « Témoigner face aux perturbations constantes, aux humiliations et aux tentatives délibérées de déformer la vérité était épuisant et parfois déshumanisant. Mais le verdict d’aujourd’hui me donne de l’espoir », a-t-elle confié. Elle y voit aussi une évolution des mentalités : « Le mythe de la victime parfaite est en train de s’estomper. »
Ce nouveau procès intervient cinq ans après le premier grand procès de Weinstein, en 2020, qui l’avait vu condamné à 23 ans de prison. Ce jugement, considéré comme un tournant du mouvement #MeToo, avait été annulé pour des raisons procédurales.
Depuis les révélations du New York Times et du New Yorker en 2017, plus de 80 femmes ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement, agression sexuelle ou viol. Parmi elles, des actrices de renom comme Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Ashley Judd. L’ex-producteur, jadis au sommet d’Hollywood, continue de nier toute agression, affirmant que les relations étaient consensuelles.



















