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La 78e édition du Festival de Cannes s’ouvre ce mardi dans une atmosphère partagée entre éclat cinématographique et préoccupations géopolitiques. Robert De Niro y recevra une Palme d’or d’honneur, tandis qu’une tribune signée par 380 artistes appelle à ne pas détourner les yeux de Gaza.
À quelques heures du lancement du Festival, une tribune publiée dans Libération réunit 380 signataires du monde du cinéma parmi lesquels Pedro Almodóvar, Susan Sarandon, Richard Gere ou encore Ralph Fiennes – dénonçant le conflit à Gaza. "Nous artistes et acteur.ice.s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux.se.s tandis qu'un génocide est en cours à Gaza", écrivent-ils.
Le texte rend hommage à Fatima Hassouna, photojournaliste palestinienne tuée lors d’un bombardement en avril, et protagoniste d’un documentaire programmé dans une section parallèle du Festival. "À quoi servent nos métiers si ce n'est à tirer des leçons de l'Histoire, des films engagés, si nous ne sommes pas présent.e.s pour protéger les voix opprimées ?", interrogent les auteurs de l’appel. Ils appellent à agir "pour toutes celles et ceux qui meurent dans l'indifférence" et affirment : "Le cinéma se doit de porter leurs messages".
Selon les organisateurs de cette initiative, Juliette Binoche, présidente du jury cette année, figurait initialement parmi les signataires, bien que son nom n’apparaisse plus sur la version finale du texte.
Une Palme d’or d’honneur pour Robert De Niro
Côté tapis rouge, la cérémonie d’ouverture rendra hommage à l’immense carrière de Robert De Niro, qui recevra à 81 ans une Palme d’or d’honneur. L’acteur de "Taxi Driver", connu pour ses critiques virulentes envers Donald Trump, devrait prononcer un discours scruté de près, alors que le monde du cinéma reste préoccupé par la montée des régimes autoritaires. Le président américain a récemment menacé d’instaurer une taxe de 100 % sur les films étrangers.
L’ombre des conflits
La guerre en Ukraine a aussi été mise à l’honneur dès lundi, avec la projection de trois documentaires, lors d’une journée consacrée à ce conflit. Cannes semble vouloir affirmer sa dimension politique, tout en restant fidèle à sa tradition de vitrine mondiale du cinéma.
Un autre événement pourrait également faire écho au Festival : le verdict du procès de Gérard Depardieu, accusé d’agressions sexuelles, sera rendu mardi à Paris, quelques heures avant la cérémonie d’ouverture. Ce jugement, très attendu, pourrait résonner sur la Croisette, où le mouvement #MeToo continue de marquer les esprits.
De la musique à l’écran
La cérémonie d’ouverture réservera un moment fort avec la présence de Mylène Farmer, cinéphile assumée et ancienne jurée cannoise. La chanteuse montera sur scène, et pourrait même offrir une performance inédite. Juliette Armanet prendra ensuite le relais à l’écran dans "Partir un jour", premier long-métrage d’Amélie Bonnin. Cette comédie musicale ouvre officiellement le Festival et sort simultanément en salles en France.
"C’est la troisième fois seulement après Diane Kurys et Maïwenn qu’une réalisatrice ouvre le Festival de Cannes. C’est une comédie musicale et un film très réussi", a salué Thierry Frémaux, délégué général du Festival.
Lundi soir, Juliette Binoche a retrouvé les membres de son jury pour un premier dîner à Cannes. À ses côtés, les acteurs Jeremy Strong et Halle Berry, ou encore l’écrivaine Leïla Slimani, auront la mission de désigner la Palme d’or parmi les 22 films en compétition, verdict attendu le 24 mai.



















