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Festival de Cannes: sur le tapis rouge, Judith Godrèche dénonce le silence imposé aux victimes de violences sexuelles

Judith Godrèche, voix du mouvement #MeToo, Anya Taylor-Joy dans "Furiosa" et masterclass de Meryl Streep: longtemps invisibilisées, les femmes étaient à l'honneur ce mercredi au 77e Festival de Cannes.

Sur le tapis rouge, face aux caméras, Judith Godrèche ainsi que les membres de son équipe ont plaqué leurs mains devant leur bouche, symbole du silence imposé aux victimes de violences sexuelles.

"Judith Godrèche a pris une parole importante à l'intérieur de cette grande révolution de #MeToo" a salué le délégué général du festival Thierry Frémaux, avant la projection du film "Moi aussi". Il est également diffusé en soirée au Cinéma de la Plage, pour les touristes et les Cannois.

Une cérémonie d'ouverture 100% féminine

Judith Godrèche a tourné "Moi aussi", un court-métrage de 17 minutes pour "redonner un visage" à un millier de victimes d'agressions sexuelles. "C'est un projet qui est assez incroyable", affirme sa fille, Tess Barthélémy, qui y apparaît. "Je suis entourée de 1.000 participants et participantes qui ont envoyé des courriels à ma mère, à propos des agressions qu'elle avait vécues, et pas du tout que dans le monde du cinéma".

"Comment transformer la honte ? Pas en fierté, personne n'est fier de s'être fait abuser sexuellement. Mais partager quelque chose dont on pourrait toutes et tous se dire : "On a fait ça ensemble et on peut en être fier"", a récemment expliqué la réalisatrice.

Le mouvement #MeToo continue d'alimenter les discussions à Cannes, au lendemain d'une cérémonie d'ouverture 100% féminine marquée par la Palme d'or d'honneur à Meryl Streep.

"Les plus grandes stars du monde sont des femmes"

À 74 ans, Meryl Streep, qui récolté 21 nominations aux Oscars, a raconté une foule d'anecdotes lors d'une rencontre avec le public. "Les plus grandes stars du monde sont actuellement des femmes", a-t-elle clamé, se disant "intimidée" par des actrices comme Reese Witherspoon et Nicole Kidman qui ont créé leur propre société de production. Elle a également confié que ses premiers rôles avaient souvent été mémorables "parce qu'elle était la seule femme du film".

"Je vois qu'il y a du respect sur les tournages, il n'y a plus parfois cette familiarité, même pour les scènes intimes", a, de son côté, estimé Léa Seydoux, à l'affiche du film d'ouverture "Le Deuxième acte". "Je sens ce changement global, que le respect est plus présent", a renchéri celle qui a dénoncé Harvey Weinstein en 2017.

Sur le tapis rouge, l'une des stars du jour est Anya Taylor-Joy, 28 ans. Elle incarne une guerrière qui fait mordre la poussière aux hommes sur grand écran dans "Furiosa", présenté en avant-première mondiale, hors compétition. Il s'agit d'un nouvel épisode de la saga "Mad Max", plus précisément un préquel de "Fury Road" (2015), soit la jeunesse du personnage qui fut incarné par Charlize Theron.

Un nombre de réalisatrices peu élevé

"Il y a quinze ans, je n'aurais pu imaginer qu'il y aurait autant de femmes dans le cinéma", s'est réjouie Greta Gerwig, première réalisatrice à dépasser le milliard de dollars de recettes avec "Barbie". Pourtant, la réalité est bien moins rose : sur 22 films en compétition, seuls quatre d'entre eux ont été réalisés par des femmes. 

Parmi elles, la Française Agathe Riedinger a ouvert le bal de la compétition avec son premier film "Diamant brut", traitant de la téléréalité et des réseaux sociaux. "C'est un film sur le besoin d'amour", a-t-elle souligné. "Le personnage de Liane réunit tous les archétypes de la jeune femme sur laquelle on va coller une étiquette de bimbo décérébrée, qu'on va mépriser".

"Considérer que la téléréalité, c'est de la télé-poubelle, c'est un concentré de mépris de classe, pour les candidats et pour les spectateurs", a-t-elle également jugé, estimant qu'"être désirable, c'est la seule chance qu'on donne aux femmes pour réussir".

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