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"Merci la Bundesliga": la planète football a salué dimanche le retour réussi du ballon rond en Allemagne, premier grand championnat à redémarrer à huis clos samedi après l'interruption imposée par le coronavirus, en attendant l'entrée en lice des stars du Bayern Munich dimanche en fin d'après-midi.
Les risques inhérents à la pandémie, le protocole sanitaire très strict, et la mauvaise humeur des supporters "ultras" opposés aux tribunes vides sont passés provisoirement au second plan, même si le consultant vedette du diffuseur Sky, l'ancien international Dietmar Hamann, a bien résumé la situation en parlant "d'une danse sur le fil du rasoir".
Sevrés de football pendant deux mois, les fans ont été au rendez-vous de ce redémarrage, même s'ils étaient cantonnés devant leurs téléviseurs: plus de six millions de téléspectateurs étaient rassemblés samedi en Allemagne, permettant au diffuseur Sky de battre ses records d'audience pour le championnat, selon le site spécialisé DWDL.de.
Et la reprise a été largement commentée dans le monde entier, où le football ne persistait jusqu'à présent que dans des championnats de seconde zone, du Bélarus au Turkménistan.
"Voici comment le monde fête notre Bundesliga!", s'est enthousiasmé le grand quotidien populaire Bild, relevant les nombreux messages d'encouragements diffusés par de grands noms du football.
"Ils le disent, ils le font. Merci la Bundesliga!", écrit le fantasque Zlatan Ibrahimovic, actuellement sous contrat avec l'AC Milan. Samedi, le champion du monde Kylian Mbappé avait fait savoir qu'il suivait les rencontres.
"C'était étrange sans supporters, comme prévu", note pour sa part l'international allemand de Manchester City Ilkay Gündogan. "Mais ça fait tout de même plaisir de revoir enfin du football après aussi longtemps."
- "Wunderbar" -
Dans la presse internationale,c'est aussi l'enthousiasme d'un retour à la vie "normale" qui domine. "Wunderbar" ("merveilleux"), a titré en allemand le journal britannique Mirror on Sunday.
Le retour au terrain n'a pourtant pas été facile pour tout le monde après deux mois de confinement, où de nouveaux réflexes ont été acquis dans la vie quotidienne.
Avec une pointe d'humour, le directeur sportif de Francfort Fredi Bobic a commenté les deux buts que son équipe a encaissé samedi dans les sept premières minutes contre Mönchengladbach (défaite 3-1): "Nous étions dans les premières minutes encore dans l'état d'esprit coronavirus, et nous avons respecté les règles de distanciation sociale. C'est juste bête qu'on l'ait fait dans notre surface de réparation!"
La reprise a aussi donné lieu à des scènes étranges, comme ces coudes entrechoqués pour célébrer un but. A l'inverse, on a aussi vu des réactions épidermiques d'embrassades, comme dans le football d'avant.
Ces images de contacts très rapprochés ont fait bondir au sein de la classe politique allemande: le puissant chef du gouvernement régional de Bavière Markus Söder a suggéré à la Ligue allemande de football (DFL) de "renforcer ses consignes" pour empêcher les joueurs de s'embrasser pour célébrer les buts.
"Le football a une très importante fonction d'exemplarité, c'est pourquoi il faut respecter les consignes la semaine prochaine", a déclaré à la chaîne Sport1 M. Söder, dont la région héberge notamment le Bayern Munich.
- Le Bayern sans repères -
Dimanche en fin d'après-midi (18h00, 16h00 GMT), place au puissant club bavarois: le Bayern joue loin de ses bases, sur la pelouse de l'Union Berlin, et sans grands repères face à cette nouvelle donne.
Autour du stade de l'Union, l'ambiance n'avait rien à voir avec l'excitation habituelle des grands matches: seules 300 personnes, dont une poignée de journalistes, étaient autorisées à pénétrer dans le stade, au prix d'un contrôle de leur température corporelle à l'entrée.
"Nous étions juste devant le stade et la police nous a dit de circuler, sauf si nous avions une carte de presse", a raconté Norbert Kuerzner, un supporter de l'Union qui se promenait avec sa femme.
Sur le terrain, le Bayern compte bien reprendre sa marche triomphale jusqu'à un possible un huitième titre consécutif en Bundesliga: avant l'interruption, il restait sur quinze victoires en seize matches, toutes compétitions confondues.
"Tout repart à zéro, et nous espérons qu'à la fin nous aurons plus de points que nos adversaires", a déclaré l'entraîneur Hansi Flick.
Le Bayern devra vite se remettre dans le bain, car il ne dispose que d'une petite avance sur son dauphin Dortmund, revenu à un point après son large succès contre Schalke (4-0) samedi. A moins de dix jours du "Klassiker" (le 26 mai), un faux-pas pourrait déjà lui coûter très cher.
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