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Droits TV: boudé par Canal+ et beIN, le foot français espère un diffuseur sauveur

En crise, le football français ne sera pas sauvé lundi par Canal+ et beIN Sports: les deux chaînes n'ont pas participé à l'appel d'offres pour les droits TV de Ligue 1 et seule l'irruption miraculeuse d'un diffuseur inattendu semble en mesure d'éviter une procédure infructueuse.

A 12h00 au siège parisien de la Ligue de football professionnel (LFP), le constat était sans appel et cruel pour les dirigeants du foot pro: les deux diffuseurs principaux ces dernières années n'ont pas formulé d'offre pour reprendre tout ou partie des matches délaissés par le diffuseur défaillant Mediapro en décembre (80 % de la L1 et de la L2)...

La chaîne cryptée, qui conteste les modalités de la procédure de consultation de marché lancée par la LFP le 19 janvier, n'a pas souhaité en être, selon une source ayant connaissance du dossier confirmant des informations de L'Equipe et France Info.

Et selon une autre source en connaissance du dossier, le groupe qatari, dont le patron Nasser Al-Khelaïfi est aussi celui du Paris SG, n'a pas déposé d'offre non plus pour la reprise de la L1, ni d'ailleurs pour la L2.

C'est quasiment le scénario du pire pour la LFP et les clubs, qui anticipent déjà des pertes de 1,3 milliard d'euros en fin de saison, entre pandémie et crise des droits télévisuels... Ils croisent les doigts désormais pour qu'un miracle survienne dans l'après-midi, avec l'irruption inespérée d'un diffuseur salvateur.

- "Il y a des enveloppes" -

"Si je suis là, c'est qu'il y a des enveloppes", a glissé le président de Reims Jean-Pierre Caillot à 14h30, à son arrivée à la Ligue. "La dernière fois, il y a eu un invité surprise, pourquoi n'y en aurait-il pas un maintenant ?" a-t-il ajouté. L'absence de Canal et beIN, "ils l'avaient annoncée depuis longtemps", a renchéri Jean-Michel Aulas, le président lyonnais. "L'important c'est qu'il y en a plein d'autres", a-t-il ajouté. Les deux dirigeants font partie du comité de pilotage chargé de décacheter les enveloppes dans l'après-midi.

Mais quel acteur aura la capacité financière pour formuler une offre supérieure aux prix minimaux "de réserve" fixés par la Ligue sur chacun de ses six lots de matches (4 en L1, 2 en L2) ?

Amazon, le géant du web qui commence à investir dans les droits sportifs, est le plus cité, mais ses incursions ailleurs en Europe restent limitées. Interrogé par l'AFP, le groupe n'a pas souhaité faire de commentaires, comme Canal+ et beIN Sports, ainsi qu'Altice, maison mère de SFR/RMC Sport, et DAZN, la plateforme de streaming sportif également évoquée.

Le groupe sino-espagnol Mediapro, grand gagnant de l'appel d'offres initial en 2018 pour plus de 800 millions d'euros par an au total, avant de se montrer incapable de régler ses échéances cet automne et de négocier son retrait, a de son côté logiquement confirmé à l'AFP ne pas faire partie des candidats. Sa chaîne Téléfoot continue toujours de diffuser les rencontres dans cette période de transition, et ce au moins jusqu'au 3 février.

Mais Jean-Michel Roussier, le directeur éditorial de Téléfoot, a participé à l'appel d'offres en son nom propre dans des modalités qui restent à éclaircir, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP, confirmant des informations de L'Equipe.

- Les recours de Canal -

Les offres doivent être étudiées avant lundi soir, en vue d'une attribution potentielle dès le 5 février, à deux jours du "Classique" OM-PSG, si celles-ci sont suffisamment élevées.

Dans le cas contraire, ou s'il n'y a pas de candidat sur certains lots, des discussions de gré à gré suivront ces prochains jours et l'inquiétude reprendra de plus belle pour les clubs.

Elle sera d'autant plus forte que la LFP et Canal+ sont en plein conflit juridique sur les modalités de l'appel d'offres et que beIN, via son absence d'offres lundi, semble s'être définitivement rangé du côté de la chaîne cryptée.

Canal+, qui diffuse les 20% restants de la Ligue 1 pour 330 millions d'euros par an, estime en effet avoir "surévalué" la valeur de ces matches dans le contexte de 2018 et souhaite que l'intégralité des rencontres soit remise en concurrence dans un appel d'offres global.

Le groupe a porté un recours devant le tribunal de commerce de Paris en ce sens, avec une audience programmée le 19 février qui pourrait invalider la procédure a posteriori. Et l'Autorité de la concurrence a confirmé lundi à l'AFP avoir également été saisie par Canal+, sans plus de précisions, comme l'indiquait le quotidien Le Figaro ces derniers jours.

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