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Pourtant si proche des huitièmes de finale de Ligue Europa, Rennes s'est sabordé jeudi contre le Shakhtar Donetsk, qualifié aux tirs au but (2-1 a.p., 5-4 t.a.b., aller: 1-2) dans une émotion particulière, un an après le début de la guerre en Ukraine.
Devant des supporters décomposés au Roazhon Park, les Rennais ont laissé échapper un match à leur portée, entre maladresse et mauvais choix...
A tout juste 18 ans, Jeanuël Belocian a sans doute été le plus malheureux des Bretons, en marquant contre son camp à la 119e minute, privant les siens d'une qualification qui se dessinait... avant d'éclater en sanglots.
L'émotion a été inverse côté ukrainien après une séance de tirs au but maîtrisée par l'impérial portier Anatoliy Trublin, héroïque devant les tentatives de Jérémy Doku, Birger Meling et Lesley Ugochukwu.
Le gardien avait déjà été décisif pendant 120 minutes de jeu, devant Amine Gouiri (2e, 102e), Djed Spence (7e), Adrien Truffert (11e), Lovro Majer (28e) et Flavien Tait (90e+1)...
Trublin a pu fêter ses exploits avec les quelques 200 réfugiés ukrainiens de la région invités par le Stade rennais, leur redonnant du baume au coeur à la veille de la date anniversaire du début de l'invasion russe en Ukraine.
Rarement inquiétés dans le jeu, mais trop peu tranchants dans le dernier geste, les Rennais disent encore adieu à l'Europe avant le printemps et remettent leurs rêves d'une épopée continentale à plus tard.
Qualifié pour la cinquième année consécutive pour une Coupe d'Europe, le Stade rennais mesure l'écart qui le sépare des nations européennes les plus régulières: en cinq saisons, il n'aura jamais atteint les quarts de finale.
Les éliminations en huitième contre Leicester (2022, Ligue Europa Conférence) et Arsenal (2019, Ligue Europa) avaient déjà laissé un grand sentiment de frustration... Cet échec contre le Shakhtar paraît encore plus décevant, tant Rennes a semblé supérieur dans la qualité technique sur le match retour.
Mais la jeunesse bretonne, privée de cadres comme Hamari Traoré, Martin Terrier et Benjamin Bourigeaud, a manqué d'expérience.
- Émotion -
Les deux recrues Karl Toko Ekambi et Ibrahim Salah ont certes trouvé la faille, sur des contre-attaques, mais les tentatives ont été trop souvent gâchées par les joueurs de Bruno Genesio.
Finalement, les Bretons payent leurs maladresses, et un match aller mal maîtrisé (2-1), la semaine dernière à Varsovie, ville-hôte des joueurs du Shakhtar, en exil de longue date.
Chassé de ses terres dès 2014 et désormais hébergé à Lviv, le club ukrainien réalise presque un exploit avec cette qualification, lui qui vit un quotidien pesant depuis un an et le début de l'invasion russe sur le sol ukrainien.
La rencontre, tendue sur le terrain, avait tout de même revêtu une émotion particulière dans l'avant-match.
Alors que les ultras bretons ont déployé un immense tifo pour célébrer les leurs, les fans ukrainiens ont tendu de leur côté de larges drapeaux de l'Ukraine, dont l'un d'eux portaient le nom de la ville de Marioupol, passée sous contrôle russe.
Les deux capitaines ont de leur côté échangé de grands bouquets de fleurs, tandis que l'habituel message de paix affiché par l'UEFA sur les écrans géants prenait une résonance particulière.
Ce message, les joueurs du Shakhtar continueront donc de le voir s'afficher dans les stades d'Europe au printemps. Pour Rennes, il n'y a déjà plus que la Ligue 1.