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Personnalité forte et abrupte, passionné au risque de l'intransigeance, Thomas Tuchel se voit une nouvelle fois offrir à 49 ans une occasion en or de rebondir, au Bayern, après des aventures conclues dans le tumulte à Dortmund, Paris et Chelsea.
De ses trois précédentes expériences il reste un verre au tiers vide et un verre au deux-tiers plein: des licenciements de Dortmund en mai 2017, du Paris SG fin décembre 2020 et de Chelsea début septembre 2022, mais aussi un palmarès qui commence à joliment s'étoffer.
Il y a surtout cette capacité à rebondir dans de prestigieux clubs quelques mois seulement après s'être fâché avec ses dirigeants. L'arrivée au Bayern officialisée vendredi est le dernier signe que l'attraction qu'exerce Tuchel ne pâtit en rien de ces soubresauts répétés du passé.
"Tuchel ne s'intéresse pas au marketing, à son image. Il est intéressé par son travail, il veut être jugé pour son travail et seulement ça", décrypte Daniel Meuren, auteur d'une biographie sur l'Allemand.
Ses compétences de technicien ne sont clairement pas en cause au moment de ses licenciements: partout où Tuchel (49 ans) a entraîné, il a obtenu des résultats probants et fait pratiquer un jeu séduisant à ses équipes.
Il compte entre autres une Ligue des champions, une Supercoupe d'Europe et un Mondial des clubs avec Chelsea (2021), deux titres de champion de France (2019 et 2020) avec le Paris SG et une Coupe d'Allemagne avec Dortmund (2017).
Thomas Tuchel, à la carrière de défenseur rapidement interrompue par les blessures, est un adepte du tableau noir et de la câlinothérapie avec ses joueurs. Il a appris son métier sur le tas, en partant des équipes de jeunes de Stuttgart.
Révélé en Bundesliga à Mayence (2009-2014), puis à Dortmund, sa trajectoire stellaire rappelle celle de Jürgen Klopp, passé par les mêmes clubs avant d'atterrir à Liverpool et de gagner, lui aussi, la Ligue des champions en 2019.
- Génération allemande talentueuse -
L'Allemand à la silhouette filiforme, au crâne dégarni et au large sourire séduit par sa franchise désarmante et son ironie mordante.
Mais le désamour de Tuchel avec ses dirigeants passés est également devenu une constante chez le Souabe, l'une des figures de la talentueuse génération d'entraîneurs allemands, dont le dernier exemple en date est... Julian Nagelsmann, celui qu'il remplace du côté de la Säbener Strasse sur le banc du Bayern.
A Dortmund, après l'attentat contre le bus de l'équipe avant un quart de finale de Ligue des champions contre Monaco en avril 2017, il n'avait pas du tout apprécié que ses dirigeants acceptent de reprogrammer le match le lendemain même de l'attaque.
Au PSG, ses relations avec Leonardo, alors directeur sportif, étaient devenues conflictuelles, notamment au sujet du mercato, en dépit des trophées remportés et de la finale de Ligue des champions atteinte en 2020, meilleur résultat de l'histoire du club parisien dans la compétition.
Quelques mois plus tard, Tuchel était débarqué du PSG sans ménagement après une victoire 4-0 contre Strasbourg, le 24 décembre 2020. "J'ai passé un Noël de merde", avait-il résumé.
Tuchel avait cru que ses trophées accumulés à Paris allaient le protéger, mais dans la capitale, direction et supporters lui reprochaient des coups de gueule de plus en plus fréquents qui menaçaient l'équilibre du club.
Au Bayern, sa relation avec des dirigeants charismatiques et aussi omniprésents que Oliver Kahn (président du directoire) ou Hasan Salihamidzic (directeur sportif) sera scrutée de près. C'est la brouille latente entre Salihamidzic et Hansi Flick, l'homme du sextuplé 2020 du Bayern, qui a poussé l'entraîneur à partir pour la sélection allemande à l'été 2021.