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Mondial féminin: responsabilité et liberté pour les taulières bleues

Le sélectionneur Hervé Renard a instauré une relation privilégiée avec les joueuses cadres des Bleues, incitées à prendre des responsabilités élargies dans l'effectif, une liberté nouvelle qui semble fonctionner au Mondial, avant le huitième de finale face au Maroc mardi (13h00).

Lundi 24 juillet, Sydney. Les Bleues, accrochées par la Jamaïque (0-0) la veille, ont manqué leur entrée en lice. Loin des regards du staff, la capitaine Wendie Renard réunit ses 22 partenaires. Pendant une heure environ, le match est décortiqué, les mots fusent.

"On s'est dit les choses entre nous. On s'est dit qu'on n'était pas nous mêmes, qu'on ne jouait pas avec nos émotions. Ca a été un moment très important", raconte la milieu Sandie Toletti, sans cacher qu'elle n'avait jamais vécu une telle discussion entre joueuses dans sa carrière en sélection.

Cette réunion improvisée, à l'initiative des cadres du groupe et sans participation du sélectionneur, est un exemple parmi d'autres de la méthode Renard, entraîneur qui assume de s'effacer parfois au profit de ses joueuses de confiance.

Dès sa prise de poste en avril, l'ancien sélectionneur de l'Arabie saoudite avait immédiatement convoqué ses cadres: Wendie Renard comme capitaine, épaulée par deux vice-capitaines d'expérience, Grace Geyoro et Eugénie Le Sommer. A plusieurs reprises en fin d'entraînement, les deux Renard ont d'ailleurs pu être observés assis côte à côte sur la pelouse, engagés dans de longues discussions.

- "Elles ont l'expérience" -

Et au début de la préparation au Mondial, en juin à Clairefontaine, le technicien a mis en place un "conseil des sages" un peu plus élargi, en y associant Kadidiatou Diani et Amandine Henry, cette dernière devant finalement déclarer forfait.

"Elles ont l'expérience. On parle de joueuses qui sont déjà dans des grands clubs et qui ont gagné beaucoup de titres. Elles savent quelles sont les recettes pour gagner parce qu'elles ont vu, parce qu'elles ont connu le succès", s'expliquait-il dans un entretien à l'AFP à la fin du printemps.

La méthode tranche avec celle de l'ancienne sélectionneuse Corinne Diacre, qui avait d'abord retiré le brassard à Renard pour le donner à Henry, avant de le rendre à la défenseure en septembre 2021, quand Henry était écartée.

Quand à ses relais de confiance dans le groupe, il s'agissait plutôt de joueuses sans grand palmarès, comme Charlotte Bilbault, Aïssatou Tounkara ou Marion Torrent, toutes porteuses du brassard à tour de rôle pendant plusieurs mois de flottement sur ce rôle de capitaine.

Hervé Renard, a contrario, a choisi des Lyonnaises et des Parisiennes comme relais privilégiés.

"Il compte sur nous. On est des leaders sur qui il peut s'appuyer et on essaie de le lui rendre sur le terrain, de pousser le collectif. Que ça soit Wendie, Eugénie ou moi, on essaie tout le temps d'apporter ce truc supplémentaire sur et en dehors du terrain", développe Grace Geyoro, capitaine contre le Panama (Renard et Le Sommer sur le banc).

- "A l'écoute" -

Le fonctionnement vaut aussi pour le quotidien en sélection, avec une grande marge de manoeuvre pour les cadres des Bleues, si ces dernières ont des revendications à soumettre à Renard.

"On ne décide pas de tout non plus, hein !", explique avec le sourire Eugénie Le Sommer. "Mais c'est tout simplement quelqu'un qui est dans l'échange. Quand on a des demandes, il est à l'écoute. Cela peut être sur des questions de plannings, d'horaires. Mais c'est lui qui prend les décisions".

Régulièrement laissées libres de gérer leurs temps de repos, les Bleues ont par exemple bénéficié de nombreux moments en famille depuis le début de la compétition, des plages horaires utilisées pour rayonner en ville, aller au zoo ou chez le coiffeur, par exemple.

"Le staff se réfère beaucoup aux cadres pour qu'elles fassent le lien entre toutes les joueuses. Il y a une relation entre staff et cadres qui est importante, une relation de confiance", décrit la défenseure Estelle Cascarino. "Il y a beaucoup de liberté. On sent que si on a quelque chose à dire, une revendication, on peut la soumettre sans se poser de question".

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