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Une semaine après son parcours détonnant à Roland-Garros, Hugo Gaston, nouvel espoir du tennis français, a repris lundi l'entraînement sur dur avec l'objectif d'intégrer rapidement le top 100. Cela passe par des tournois secondaires, loin de la prestigieuse terre battue parisienne.
"Elles n'arrêtent pas de faire des amorties depuis qu'elles l'ont vu... Je les appelle les Huguettes!" Du court voisin, l'entraîneur de deux jeunes joueuses s'amuse du geste signature qui a rendu fou Dominic Thiem, poussé au cinquième set par une déferlante - 55, pour 72% de réussite - d'amorties "venues d'une autre planète", selon les propres mots du N.3 mondial. "S'il continue comme ça, il va devenir un très grand joueur", avait conclu l'Autrichien.
Continuer comme ça, après une semaine de tourbillon médiatique qui l'a fait passer de l'émission de Yann Barthès, Quotidien, à celle de Cyril Lignac, Tous en cuisine, c'est reprendre le trajet quotidien entre Fonsorbes, la banlieue du sud-ouest de Toulouse où Hugo Gaston réside avec ses parents, et Balma, de l'autre côté de la Ville Rose, où il s'entraîne. C'est aussi redescendre de plusieurs échelons, pour rejouer des tournois Challenger, le circuit secondaire de l'ATP.
Ses trois tours franchis à Roland-Garros, le dernier contre le lauréat 2015 Stan Wawrinka, pour sa première participation sont-ils digérés ? "Je suis encore un peu fatigué, je récupère. Mentalement, il va me falloir du temps", admet le petit gaucher (1,73 m) qui a eu 20 ans à la veille du tournoi. "Mais physiquement, je me sens bien et prêt à attaquer la saison sur dur", assure-t-il dans un entretien à l'AFP.
- Retour sur terre -
Après deux mois passés sur terre battue, le temps presse pour Hugo Gaston. "Il va falloir qu'il se réadapte très rapidement au dur, à la vitesse, au rebond des balles", explique son entraîneur Marc Barbier, qui a concocté une préparation progressive sur deux semaines avant le Challenger de Hambourg où l'attendent les qualifications...
Sorti de l'anonymat en l'espace de deux jours, le prodige toulousain, même après un bond de 82 places au classement ATP, n'est encore que 157e mondial. Insuffisant pour s'ouvrir directement les portes des tableaux principaux des Grands Chelems, privilège réservé aux cent meilleurs mondiaux. D'où l'objectif d'y arriver "le plus rapidement possible", selon l'espoir français.
Pas si simple, prévient Barbier, qui accompagne la pépite depuis ses six ans: "les cinquante joueurs qui sont devant lui veulent la même chose et sont aussi très performants, il ne faut pas s'enflammer. Ca peut aller très vite mais ça peut prendre aussi du temps; on est préparés à ça, on sait que le chemin est encore long mais on sait comment on veut y aller."
Après Hambourg, le clan Gaston espère une invitation pour Paris (début novembre), avant une tournée australienne rallongée dès décembre par la quatorzaine d'isolement préalable. Revenir à Roland-Garros en mai sans invitation est un objectif encore très lointain. "Si on n'y arrive pas, on ne va pas paniquer", relativise Barbier.
- Moins d'amorties ? -
Désormais reconnu dans la rue, Gaston se sait aussi attendu sur les courts. "C'est évident que l'effet de surprise est passé, ou est en train de passer", constate Barbier à propos des amorties de son protégé. "Ses adversaires vont maintenant attendre ce type de coup. Il va falloir qu'il le joue différemment, sur des moments différents également." S'il se prépare à faire "peut-être un peu moins" d'amorties sur dur, Gaston entend "garder le même style de jeu" et se veut confiant. "J'ai eu de bons résultats sur dur, j'arrive à bien jouer sur les deux surfaces."
Car son jeu ne se résume pas à cela. Toucher de balle, sens de l'anticipation, créativité: avec la palette déployée Porte d'Auteuil, le chantier technique de Gaston est déjà bien avancé. En revanche, le champion olympique junior 2018 doit "gagner en qualité" physique et, sur le plan tactique, être "plus juste dans ses choix", souligne Barbier. "Il va falloir que son service devienne encore plus performant, son coup droit plus percutant", réclame aussi le technicien.
Côté gestion des émotions en revanche, rien à redire: aidé par des cours de yoga et une psychologue du sport, Gaston a impressionné par son sang-froid face à Wawrinka et Thiem. "S'il maintient cette maitrise de lui-même, je signe de suite." Le tennis français aussi.