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Sur les traces de Victor Wembanyama, une progression à pas de géant

Les recruteurs américains s'entraînent déjà à prononcer son nom et tombent en pâmoison devant sa taille et son envergure: Victor Wembanyama est encore mineur mais le nouveau joueur de l'Asvel, formé à Nanterre, est attendu comme la nouvelle pépite du basket français, promise à un avenir glorieux en NBA.

Si, à 17 ans, il n'est pas encore connu du grand public, Wembanyama risque très vite de voir sa notoriété dépasser le simple cadre des aficionados de basket de par sa taille, 2m19, et son physique, long, mince et étiré.

"Il faisait ma taille, 1m70, vers 8 ans. Et quand il avait 5 ans, tout le monde pensait qu'il en avait 10", sourit Emmanuel Saravas, son ancien coach en poussin à l'Entente Le Chesnay-Versailles, son premier club.

C'est là, dans cette commune aisée des Yvelines, que le petit Victor commence à manier la balle orange. "On se doutait qu'il allait avoir un corps pour jouer au basket de haut niveau: sa maman fait 1m91, le papa fait 2m05", explique Emmanuel Saravas en montrant une ancienne chaussure de son joueur, taille 53, qu'il portait à 15 ans.

Surtout, au-delà de la taille, les deux parents sont passionnés de basket et de sport: la mère fut joueuse, entraîne au Chesnay-Versailles et surveille de près les débuts de son fils, tandis que le père, ancien athlète, est préparateur physique.

Bref, un background familial qui n'est pas sans rappeler les Parker, Diaw ou Batum.

"Souvent les fils d'entraîneurs qui passent leur temps à la salle ont quelque chose en plus, ils s'entraînent plus que les autres, ils ont toujours le ballon entre les mains", résume Emmanuel Saravas.

"Pendant qu'Elodie, sa mère, entraînait, on voyait les trois enfants pas loin, ils ont toujours baigné dans le basket".

"J'ai l'impression que cela a toujours été là. Petit j'étais doué dans tous les sports. (...) J'aimais ça comme n'importe quel enfant aime jouer" se souvient de son côté Wembanyama pour l'AFP.

Car Victor n'est pas seul: sa soeur ainée, basketteuse, est également passée par l'Asvel et l'équipe de France, tandis que son petit frère s'est lancé dans le handball.

- Polyvalence -

Dès ses débuts au Chesnay-Versailles cet amateur de dessin est surclassé, une habitude qu'il gardera tout au long de sa carrière, en club comme en sélection nationale, et même dans sa vie en dehors des parquets puisqu'il a obtenu son bac avec mention et un an d'avance.

"On a été très surpris niveau motricité, il faisait des trucs incroyables pour un enfant de son âge", rembobine Emmanuel Saravas, qui l'a eu entre 7 et 9 ans. Et c'est là une caractéristique essentielle du garçon, qui est toujours spectaculairement mobile et coordonné pour ses quelque 220 centimètres.

"J'ai eu la chance d'être grand dès mon enfance. Dès la primaire, je faisais la taille de mes profs! J'ai pris de l'avance et au final j'ai eu une croissance normale. Là en deux ans, j'ai dû prendre un centimètre. La motricité, je n'ai donc pas eu besoin de la travailler." explique le principal intéressé.

"Ce qui est hallucinant dans son jeu, c'est qu'il est capable de dribbler, de tirer, de passer la balle, de courir…", détaille son ancien coach, qui voyait en lui, tout gamin, le potentiel d'un Dirk Nowitzki, l'Allemand de 2m13 qui a ébloui la NBA avec les Mavericks de Dallas pendant près de 20 ans avec son tir extérieur.

"Il peut monter la balle, il peut jouer ailier fort, pivot, même ailier parfois. C'est un joueur à part, il peut tout faire", abonde Michael Bur, un de ses entraîneurs à Nanterre, pour qui ce serait une erreur de résumer Wembanyama à sa taille, aussi spectaculaire soit-elle.

"On ne voulait pas l'enfermer dans un rôle, on lui laissait beaucoup de libertés", ajoute le coach des espoirs, qui a travaillé avec la pépite pendant trois années.

- Corps en développement -

Car à 10 ans, le jeune Victor rejoint les Hauts-de-Seine et le Nanterre 92, avant d'en intégrer le centre de formation quatre années plus tard. Là, il franchit vite les échelons, toujours surclassé, au point de faire ses débuts en pro, en coupe d'Europe, à 15 ans. "Il s'est toujours adapté très vite, face à des joueurs plus âgés", se remémore Michael Bur.

Cet été, il gagne encore plus en notoriété lors du championnat du Monde U19, où la France finit avec la médaille d'argent, battue de seulement deux points par les Etats-Unis en finale.

Le nouveau joueur de l'Asvel, club de Tony Parker que Wembanyama considère comme "une lanterne" pour le guider, semble maintenant promis à la première place de la draft 2023. Une dérogation pourrait même lui permettre de se présenter en 2022.

"Si une réforme rend cela possible, nous étudierons bien sûr cette possibilité avec mon entourage. Mais il ne faut pas précipiter les choses. Je reste concentré sur les deux saisons à venir avec l'Asvel", tempère le jeune joueur unanimement décrit comme un garçon à la tête bien faite, bien encadré par ses parents.

Seule ombre - potentielle - au tableau: le physique. Même s'il a énormément progressé sur cet aspect à Nanterre, Wembanyama reste frêle (il approche péniblement les 100 kilos) et devra s'épaissir pour résister, dans un premier temps, aux joutes physiques de l'Euroligue avec Villeurbanne.

Mais ses anciens coachs ne s'inquiètent pas pour lui, confiants en sa capacité de travail.

"Quel gamin de 17 ans a un corps déjà prêt pour jouer contre des adultes?", demande Emmanuel Saravas, rappelant les progrès spectaculaires effectués par des Rudy Gobert ou des Giannis Antetokounmpo à ce niveau à leur arrivée en NBA.

Entre un triple meilleur défenseur et un double MVP, Wembanyama n'aurait pas pu espérer meilleurs modèles.

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