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Après Jamie Cudmore et Alexandre Lapandry, l'ancien deuxième ligne international français Sébastien Vahaamahina, contraint de mettre un terme à sa carrière après une nouvelle commotion, est le troisième joueur de Clermont à reprocher au club auvergnat de ne pas assumer ses responsabilités.
Dans la semaine, l'ASM et l'ex-Bleu (31 ans, 46 sélections) ont reçu un courrier de la Fédération française de rugby (FFR) les informant qu'elle lui retirait sa licence de joueur.
En clair, carrière terminée pour l'ancien de Brive et Perpignan qui n'a plus joué depuis le 10 décembre et un match face à la franchise sud-africaine des Stormers (24-14), en Champions Cup, où il a été victime d'un fracture du nez et d'une commotion.
"En six ans, c'est la dixième (commotion, NDLR) répertoriée. Il y en a eu d'autres mais elles n'ont apparemment pas été enregistrées dans mon dossier médical", a-t-il confié dans un entretien à L'Equipe publié samedi.
"J'ai des symptômes de plus en plus fort après chaque commotion, avec un impact sur ma vie de joueur de rugby professionnel mais aussi sur ma vie privée", a poursuivi le joueur en évoquant des "maux de tête", "vertiges" et sa "fatigue".
"Une semaine après (sa blessure)", a-t-il raconté à L'Equipe, "j'ai voulu venir au stade en conduisant seul. Résultat: je me suis endormi sur le parking en arrivant tellement j'étais épuisé d'avoir conduit même pas quinze minutes".
- "Honte" -
Après deux opérations, Vahaamahina, au club depuis 2014, a "repris une vie presque normale" mais continue à vivre avec "une épée tranchante au-dessus de la tête".
Vahaamahina est particulièrement remonté contre son club dont il pointe le manque de considération.
"J'ai compris que l'ASM avait sûrement autre chose à faire que de s'occuper de ses vieux soldats", a-t-il ajouté.
Désormais, le deuxième ligne attend des dirigeants clermontois qu'ils reconnaîssent "leurs responsabilités" et honorent "leurs engagements contractuels".
"Le club continue à gagner du temps et espérer que je baisse les bras. Je pensais mériter plus de respect. Je suis déçu et blessé", a encore assuré Vahaamahina, qui a "honte" pour Clermont et pour les responsables, qui ont "tout gâché".
Vahaamahina vient donc ajouter son nom à la liste grandissante de joueurs qui dénoncent les manquements des autorités, tels l'ancien pilier des All Blacks Carl Hayman ou l'ex-talonneur du XV de la Rose Steve Thompson.
Le Néo-Zélandais et l'Anglais, tous deux passés par le Top 14, font partie d'un groupe d'une quinzaine de joueurs qui, en novembre, a déposé un recours en justice contre les instances du rugby français pour manquement à leurs obligations de sécurité et d'information. Ils sont plus de 200 à accuser World Rugby, ainsi que les fédérations anglaise et galloise, de ne pas les avoir suffisamment protégés contre les commotions cérébrales.
- "Un joueur et un club dans le flou" -
Vahaamahina est aussi le troisième Clermontois à dénoncer l'attitude du club auvergnat, après le deuxième ligne Jamie Cudmore et le troisième ligne Alexandre Lapandry, qui ont déposé plainte contre le club pour "mise en danger de la vie d'autrui".
Contacté par l'AFP, l'ASM n'a pas souhaité réagir.
À l'issue du match de Top 14 remporté face au Stade français (32-16), l'entraîneur de Clermont Christophe Urios s'est interrogé sur le timing de cet entretien: "Depuis mon arrivée fin décembre, il y a eu pas mal d’infos de ce genre. Donc on s’habitue ! (...) Il y a quand même un côté surprenant à tout cela", a-t-il lâché, sans vouloir en dire plus.
Les joueurs, à l'image d'Arthur Iturria, ont surtout eu une pensée pour leur coéquipier obligé de mettre un terme à sa carrière: "C’est un compétiteur, un garçon qui adore jouer au rugby et c’est pour nous compliqué de ne pas l’avoir à nos côtés". "Maintenant, c’est toujours délicat ces histoires de commotion, et je vois un joueur et un club qui sont dans le flou, ce qui ne fait jamais plaisir", a-t-il reconnu.