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"Chez nous, le cyclisme est une religion". Et le Tour des Flandres le jour de communion de tout un peuple. Dimanche, le "Ronde" sera le théâtre d'une ferveur exceptionnelle qui rend ce Monument du cyclisme si spécial aux yeux des coureurs et des suiveurs.
Les médias locaux assurent que chaque année un million de spectateurs se massent le long des 273 kilomètres d'un parcours jonché de dix-neuf monts pavés (les "berg") transformés en autant de stades. Soit près d'un Flamand sur six.
Ces statistiques astronomiques sont difficilement vérifiables mais selon les autorités elles ne sont pas très éloignées de la réalité.
Le parcours qui effectue une boucle dans les province de Flandre(s) occidentale et orientale est propice aux courts déplacements. Il est aisé d'aller voir passer les coureurs avant de rejoindre son salon ou une salle de fêtes pour vivre la fin de course devant un écran.
Le Quaremont, que les coureurs franchiront à trois reprises (en plus du passage de la course féminine), la dernière fois à 17 kilomètres de la ligne, accueillera à lui seul 40.000 fanatiques le long des 2200 mètres d'ascension. Cinq mille de ces aficionados paieront leur place pour être certains d'assister aux premières loges au combat que ne manqueront pas de se livrer notamment Wout Van Aert, Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar.
L'organisateur Flanders Classics met en vente 10.000 tickets VIP assurant à leur détenteur, souvent des hommes d'affaires, d'être véhiculés jusqu'à un endroit stratégique où ils parleront business ou referont le monde autour d'un buffet au champagne.
"On met ces place en vente en octobre et début décembre, tout est parti, note Thomas Van der Spiegel, ancien basketteur international et CEO de Flanders Classic. Beaucoup d'entreprises belges et étrangères veulent être de la partie. C'est la course de l'année".
-- "Miracle logistique" --
Avant de laisser la place aux pros, les amateurs sont des milliers à participer à la Fan Ride. Ceux qui le désirent peuvent effectivement effectuer les cent dernières bornes de la course sur le circuit fermé.
Le Ronde est aussi un succès d'audience pour les télévisions belges, Sporza côté néerlandophone, la RTBF pour les francophones, qui cumulent près de deux millions de téléspectateurs dans un pays comptant onze millions d'habitants.
La télévision publique VRT qui assure la retransmission compte sur une armée de près de 300 personnes pour faire de l'événement un spectacle audiovisuel hors norme.
Cinq caméras au Vieux Quaremont, quatre au Paterberg, quatre au Koppenberg et cinq à l'arrivée à Audenaerde en plus des trois motos et de l'hélicoptère.
En direct de 9h à 18h, le réalisateur Gunther Herregodts doit "veiller à ce qu'il boit et mange" car il "n'a pas le temps d'aller aux toilettes", dit-il au quotidien La Dernière Heure. "Cette course est un miracle logistique", assure-t-il.
Succès populaire, le Ronde attire évidemment les politiques en quête de visibilité. Samedi le Premier Ministre Alexander De Croo s'affiche sur trois pages dans La Dernière Heure où il clame son amour pour les deux roues. En 2017, c'est le bourgmestre (amire) d'Anvers qui avait réussi un coup de maître en attirant le départ de la course dans sa ville pour cinq ans alors que le Ronde s'élançait traditionnellement de Bruges.
Le nationaliste flamand Bart De Wever avait bien compris l'impact de l'événement en vue de ses ambitions indépendantistes en mettant la main sur ce symbole identitaire.
Cinq ans plus tard, le Ronde est de retour à Bruges, sur ses terres traditionnelles. Qu'importe pour les nationalistes qui continueront de distribuer le long des routes ce drapeau arborant le Lion noir (sur fond jaune) symbole de leurs revendications.