Partager:
Il était touchant hier, Lenny Martinez, 22 ans tout fier dans son beau maillot à pois. Il faut dire qu’il a de qui tenir, car si Mathieu Van der Poel est le petit-fils de Raymond Poulidor, Lenny est celui de Mariano Martinez, vainqueur de la montagne en 1978. Maintenant le jeune coureur, au physique de grimpeur, c’est-à-dire plutôt petit et léger, pourra-t-il garder sa tenue jusqu’à Paris, ce n’est pas sûr.
En effet ces dernières années les ogres du classement général bouffent tout sur leur passage, un peu comme Eddy Merckx en 1969, lorsqu’il avait remporté le maillot jaune mais aussi, le vert, et le classement de la montagne. À l’époque le maillot à pois n’existait pas, en revanche il y avait depuis 1933, un trophée du meilleur grimpeur, remporté à six reprises, entre 1954 et 1965, par l’espagnol Federico Bahamontes, surnommé l’aigle de Tolède.
C‘est le codirecteur du tour Félix Levitan qui eut en 1975, l’idée de doter le meilleur grimpeur d’un maillot distinctif. L’importance de plus en plus grande des retransmissions télévisées en couleur, y est probablement pour quelque chose. Lévitan qui était un fan de cyclisme depuis l’enfance s’est souvenu que dans les années 1930, deux pistards français, arboraient un maillot blanc à pois rouges très applaudi par le public. C’est ainsi qu’il y a 50 ans Lucien Van Impe est devenu le premier porteur du maillot à pois, qui lui est attaché pour l’éternité, à tel point qu’on en oublie qu’il a aussi gagné le tour en 1976. C’est d’ailleurs le dernier belge à avoir réalisé cet exploit.
Le cannibale était un extraterrestre
Bahamontes avait lui aussi gagné un tour en 1959, mais en général les meilleurs grimpeurs ne sont ni des sprinters, ni des rouleurs, donc rarement détenteurs du maillot jaune. Et c’est bien là le problème. L’exploit d’Eddy Merckx en 1969 était à l’époque totalement exceptionnel le cannibale était un extraterrestre… Après sa retraite les champions des cimes ont pu profiter de leur beau maillot, laissant le jaune à des coureurs plus polyvalents. C’est ainsi que Richard Virenque l’a porté à 7 reprises et pas à l’insu de son plein gré…
Mais voilà aujourd’hui les candidats à la victoire totale ne laissent plus de miettes. En 2020, 2021 2022, Pogacar et Vingegaard ont rajouté les pois à leurs menus. Tant et si bien qu’aujourd’hui les candidats au rouge et blanc en sont réduits à grappiller les moindres points dans les côtes des étapes de transition. Ils n’ont plus le monopole des cols. Et c’est bien dommage car les purs grimpeurs ont quelque chose de plus attachant que les ambitieux du classement général.
Comme le chantait autrefois Michel Simon, les petits pois sont des légumes tendres.


















