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"Naïf", Emmanuel Macron? Droite et extrême droite se déchaînent contre le chef de l'État après les attaques jihadistes de l'Aude et remettent sur la table leurs propositions radicales, de la rétention des individus "les plus dangereux" aux expulsions.
"Il faut les mettre hors d'état de nuire (les islamistes) avant qu'ils ne fassent couler le sang", a martelé lundi matin le président des Républicains, Laurent Wauquiez, lors d'une allocution qui se voulait "solennelle" au siège parisien du parti, derrière un pupitre barré d'un bandeau noir en signe de deuil.
Le leader de la droite, air grave et ton martial, a exigé le rétablissement de l'état d'urgence et "l'expulsion immédiate des étrangers" qui "incitent à la haine de la France", "qu'il y ait passage à l'acte ou non".
Plus tôt, Marine Le Pen avait formulé des exigences similaires, en appelant à "un processus de prévention, un principe de précaution". "Il faut arrêter de distribuer la nationalité française n'importe comment et à n'importe qui", avait estimé la présidente du Front national, quand son homologue des Républicains a pour sa part fustigé les étrangers "dont les familles ont bénéficié du généreux système social de notre pays et qui se retournent aujourd'hui contre la France".
"Le FN a réussi à convaincre Wauquiez sur l'islamisme: tout arrive", a ironisé dans la foulée le parti d'extrême droite dans un tweet.
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s'est cependant gardé de reprendre l'appel de Marine Le Pen à la démission du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. "C'est le président de la République que l'on vise", décrypte la garde rapprochée de Laurent Wauquiez, qui entend s'imposer comme premier opposant au chef de l'État.
M. Wauquiez n'a d'ailleurs pas eu de mots assez durs à l'endroit d'Emmanuel Macron: "paroles creuses", "absence d'action", "aveuglement", "irresponsabilité politique", le président de la République est d'une "coupable naïveté" et "ne combat pas le terrorisme", selon Laurent Wauquiez.
- "Racaille sauvage" -
L'auteur l'attaque jihadiste de l'Aude, Radouane Lakdim, ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités. Il s'est présenté vendredi comme "un soldat" du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a, peu après, revendiqué les attaques.
Né au Maroc le 11 avril 1992 et arrivé en France dans les premiers mois de sa vie, il avait été naturalisé en 2004. A partir de 2014, il a été suivi par les services de renseignements et fiché "S" (pour sûreté de l'Etat) "car il était en contact avec des islamistes considérés comme appartenant au haut du spectre de la radicalisation", sans toutefois faire montre lui-même d'une volonté de commettre une action violente, a indiqué une source proche de l'enquête.
Ce suivi avait été provisoirement suspendu en août 2016.
"Il suffit de regarder le pedigree (de Radouane Lakdim) pour comprendre qu'il était un terroriste en puissance", avait dénoncé dès dimanche l'un des porte-parole des Républicains, Geoffroy Didier, qui avait pointé lui-aussi la supposée "naïveté" d'Emmanuel Macron.
"On ne peut pas rester les bras ballants (...) et dire c'est la faute à pas de chance. L'individu, qui était en réalité une espèce de racaille sauvage, a été laissé absolument libre de ses mouvements dans la nature", a appuyé lundi matin le député LR de l'Yonne, Guillaume Larrivé.
Pourtant, chez LR, d'aucuns se sont voulus davantage prudents: "Je ne vais pas dire qu'avec l'état d'urgence on aurait évité ça, personne, sérieusement, ne peut le dire", a estimé lundi le patron du groupe des Républicains à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, qui a toutefois fait valoir que le statut d'exception permettait par exemple "d'assigner à résidence des individus".
Face à la bronca de la droite et de l'extrême droite, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, un ancien de LR, est monté au front en s'indignant des "politiques politiciennes dans lesquelles certains s'engouffrent à chaque fois, systématiquement, de manière presque pavlovienne, comme si les attentats étaient pour eux une possibilité de sursaut politique".