Depuis quelques semaines, des initiatives ont pris forme sur les réseaux sociaux pour inviter la population à manifester contre l'augmentation du prix des carburants. Une grève généralisée le 17 novembre prochain et un blocage du pays ont notamment été évoqués.
Sur la page Facebook "Boycott sur le gouvernement", on retrouve une vidéo dans laquelle un citoyen, David Desmecht, demande à la population de rester "à la maison" afin de ne faire aucun achat pour manifester contre des mesures du gouvernement.
Cette publication a eu lieu après l'annonce de la hausse du prix des carburants. D'autres initiatives ont par ailleurs vu le jour sur le réseau social. Certaines visent par exemple à bloquer des sorties d'autoroute.
Mais ces initiatives vont-elles avoir un impact? Ce blocage aura-t-il vraiment lieu? Les syndicats prennent de la distance face aux mouvements, mal organisés d'après eux. Notre journaliste Bernard Lobet a rencontré Jean-François Ramquet, le secrétaire régional FGTB Huy Waremme, qui a répondu à ses questions.
Bernard Lobet: du point de vue d’un syndicat, vous jugez comment cette initiative ?
Jean-François Ramquet: "Nous n’avons pas l’habitude de récupérer toute une série de mouvements ou de dynamiques sur les réseaux sociaux. Très clairement, il y a une expression qui se fait là-bas. C’est leur responsabilité. C’est probablement une problématique qui touche tout le monde, à savoir le pouvoir d’achat. Nous, en tant qu’organisation syndicale, on a déjà organisé beaucoup d’actions en faveur du pouvoir d’achat. Non seulement sur la TVA et l’électricité mais aussi contre le saut d’index du gouvernement. Il est clair que c’est important mais nous avons nos propres actions au calendrier. Dans les semaines et les mois qui viennent, il y aura le calendrier de l’accord interprofessionnel qui fixe les marges d’augmentation des salaires pour les prochaines années."
B.L.: pour vous, ce type d’initiative a peu de chance d’obtenir beaucoup de succès ?
J-F R.: "Ce sont des initiatives citoyennes qui ont le droit d’exister. Elles expriment probablement un mal-être. En tant qu’organisation syndicale, on a une base, des affiliés et on connaît notre réalité. Lorsqu’on revendique, c’est issu d’un processus démocratique à discuter avec nos affiliés."
B.L.: la FGTB est-elle sensible à une problématique comme le prix des carburants ?
J-F R.: "Je pense que la question du pouvoir d’achat en général est une question sensible. Le prix des carburants mais il y a aussi le débat sur le prix de l’électricité. Ce sont un ensemble d’impacts sur le budget des ménages. On sait que quand il fait froid ou qu’il fait noir plus tôt, on a besoin d’énergie. C’est très clair, la problématique du pouvoir d’achat est importante. Cela se fait dans la formation des salaires et dans le coût de la vie."
B.L.: les syndicats ont déjà essayé de faire mal au gouvernement avec des actions qui ne s’improvisent pas…
J-F R.: "C’est clair, ces mouvements ou luttes se planifient. On sent qu’il y a un mal-être au sein de la population concernant le pouvoir d’achat. La question est de savoir comment on va mettre en place un calendrier d’actions pour faire comprendre que les mesures du gouvernement ne sont pas en faveur de la population."