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« Le fait de dormir dehors et de rester constamment dans le froid, physiquement oui on le sent parce qu’on est croqué », témoigne Thibaud, 27 ans, sans-abri depuis 10 ans. « J’ai quand même une couverture de survie dans mon sac au cas où. Si je peux trouver une couverture ou un sac de couchage en plus, je ne dis pas non, mais il faut toujours avoir au moins une couverture sur soi. » Dimitri, 47 ans, à la rue depuis 7 ans, confirme : « On est réveillé tout le temps par le froid, on ne saurait pas s’habituer au froid. Les pieds qui dorment, les mains qui dorment, les bras qui dorment, c’est assez dur aussi. »
La pluie remène plus de monde aux abris que le froid
Les sans-abri peuvent trouver refuge la nuit dans un bâtiment de Jambes qui dispose de 62 lits en hiver. Mais malgré les températures actuelles, ces deux dernières nuits, 5 lits étaient inoccupés.
« Pour moi ce n’est pas la température finalement qui pose problème, c’est plutôt la pluie et l’humidité », estime Amandine Blondiaux, assistante sociale au dispositif d’urgence sociale de Namur. « C’est ce qui généralement fait que les personnes se présentent plus. Le froid, la rigueur, ils savent encore comment s’organiser. »
La présidente du CPAS de Namur, Dorothée Klein (Les Engagés), ajoute qu’il y a aussi « toute une série de communes qui ont augmenté les capacités d’hébergement. La majorité des personnes qui viennent ici à l’abri de nuit ou qui fréquentent le plan hiver, ce sont des non-namurois. Donc ce sont peut-être des gens qui sont plutôt restés chez eux, là où on a ouvert des capacités d’accueil. »
La violence, le bruit et les diffcultés d’organisation sont les principales raisons
Certains aussi craignent les vols en dortoir, la violence parfois, et préfèrent dormir en rue en dépit du froid. « Pour le dire franchement, c’est un repère à alcooliques », témoigne Thibaud. « Et comme c’est un dortoir commun, il y a 40 lits dans la même pièce, donc dès qu’il y en a un qui ronfle, en fait, il n’y a plus moyen de dormir. »
Pour éviter les tirages au sort et limiter les tensions, il est obligatoire, depuis l’an dernier à Namur, de s’inscrire la veille pour dormir à l’abri de nuit. Une contrainte pour Dimitri. « Il faut téléphoner à l’avance donc ce n’est pas évident sans téléphone dans la rue. »
« Il n’y a pas spécialement besoin d’un téléphone, donc ils peuvent demander sur place de s’inscrire pour le lendemain. Et si pas, les partenaires qui travaillent avec les personnes sans-abri permettent l’accès au téléphone et nous aussi à l’urgence sociale », nuance Amandine Blondiaux.
À Charleroi aussi, on constate que l’abri de nuit n’affiche pas complet avec ici cette hypothèse évoquée par le CPAS : pendant les fêtes, certains sont peut-être accueillis plus facilement chez des proches.


















